samedi 30 octobre 2010

28- La rentrée au pays



Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage, -
Ou comme celui-là qui conquit la Toison -
Et puis s'en est retourné, plein d'usage et raison. - Joachim Du Bellay

Il n'y a d'homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé,
qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie.
Alphonse de Lamartine - Extrait de Voyage en Orient

Taque-tac…taque-tac…taque-tac…

Je somnole. Le taque-tac monotone des roues de fer sur leur ruban d’acier m’a assoupi. Son silence subit me réveille. Où sommes-nous ? Quelque part entre New York et Albany. Je suis en compagnie du frère Réal. Ce matin, nous sommes partis tôt de l’hôtel. Le grand voyage est terminé. Le trajet Montréal/New York ne fait plus partie du voyage. C’est la rentrée au pays.

Pour la première fois depuis mon départ du port de Montréal le 16 septembre 1958, la nostalgie du pays me saisit les entrailles. Une fébrilité particulière l’accompagne. J’ai des impatiences, alors que le temps s’étire comme une tire Ste-Catherine que l’on tend entre ses deux bras.

À la mi-juin, je quittais Rome. Je ne rentrais pas encore au bercail, je continuais le voyage. Dans le train qui m’amenait de Rome à Paris, la nuit, je gardais encore des yeux ouverts d’émerveillement.

Pendant un mois et demi, à Paris, j’ai été ce touriste culturel anxieux de lever partout les rideaux de nouveaux horizons.

Sur le Queen Elizabeth, de Cherbourg à New York, la mer, même étale, a répété son numéro de fascination qu’elle m’avait servi trois ans plus tôt.

New York, que je voyais pour la première fois, m’a aussi ensorcelé. Estomaqué, je passai près d’une heure devant Guernica au Guggenheim Museum. Je n’avais pas besoin d’explications. La célèbre peinture du non moins célèbre Picasso m’habitait. Je l’ai téléchargée dans le silence d’une admiration muette. Déjà en 1937, le grand peintre espagnol annonçait des temps nouveaux qu’on n’a pas encore fini de digérer.

Et tout New York, né dans les « Années folles », émettait des ondes qui rejoignaient mes atomes crochus. L’audace de l’Empire State building, la statue de la Liberté, la frénésie de la 45e avenue…

New York marquait pour moi la fin du voyage. Comme son apothéose. Taque-tac…taque-tac…taque-tac…, le train repart. C’est la rentrée au pays.

Je suis porté comme sur un nuage. Par la pensée, je plane au-dessus de la maisonnée d’Hormisdas qui se dissout en celle de Lucien. Le charme des traditions ! Notre famille, tout ce qu’il y a de plus traditionnellement québécois : quatre mariés, quatre en communauté et les autres suivent le pattern traditionnel : trois maîtresses d’école et une infirmière. Je les revois s’affairer les lundis matin, Claire, Thérèse, Carmen et bientôt Gisèle, jupes de couventines noires et plissées et le collet blanc empesé. Elles dérogent à la règle du passé. Elles font deux ans d’École Normale à St-Hyacinthe au lieu de un an à Nicolet. Elles enseignent non pas dans une école de rang mais en ville, l’une à Drummondville, les deux autres à St-Nicéphore, une école dirigée par les Sœurs. Elles gagnent 800 $ par année et logent au couvent.

Il y a des pancartes. La menace de la création d’un syndicat coupe leur emploi. Plus d’espoir pour elles. Elles doivent émigrer dans la grande ville, à Montréal. Ce sera là leur salut. Elles seront vite embauchées et doubleront ou tripleront leur salaire. 3.000 $ /année en 1960. La structure traditionnelle craque déjà et elle explosera bientôt. Et même une fois mariées, elles pourront continuer à enseigner !

Pour les garçons, c’est du semblable au même. Les trois qui terminent à peine leur cours primaire vont aux chantiers l’hiver, se taillent un métier, fondent une famille et sont propriétaires de leur demeure. Quatre ont été admis au Juvénat des Frères du Sacré-Cœur.

Je me plais à m’imaginer combien ils ont dû grandir vite en trois ans ! Je vais bientôt les revoir. J’ai hâte. Une hâte qui camoufle tant bien que mal une certaine anxiété. Celle de me refaire une place au milieu d’eux. Je revois la maison, la grange, le fournil, je refais le chemin de la petite école… Tout est comme figé dans ma mémoire. Couleur et saveur de chocolat et de mousse aux fraises…

Mais il y a un ferment qui va bientôt tout chambouler dans le rang St-Alexandre. C’est la petite école qui ferme, presqu’en même temps que la fromagerie, c’est Berchmans et son industrie porcine. Mais n’anticipons pas. Dehors, le vent souffle le changement. À une vitesse qui dépasse celle du train.

Taque-tac…taque-tac…taque-tac…, mon rêve est coupé.

Encore arrêtés ! « Nous sommes à Albany » me dit Frère Réal. Albany ? Pour moi, un nom plus qu’une ville. Les piles de ma curiosité animent d’autres scènes. Le temps d’une croûte et le taque-tac… repart, et moi avec lui, dans mes rêves, somnolant entre le passé et le futur… incertain.

La figure de Maurice Duplessis, rayonnante et évanescente comme au temps de l’électrification rurale paraît dans le coin d’un écran politique. Image fugitive de sa tombe telle qu’elle nous était parvenue à Rome, vite remplacée par celle des vedettes de l’heure, Jean Lesage avec son « Maître chez nous », et René Lévesque qui parle vrai et neuf. Point de mire, électricité… que nous réserve donc ce petit bout d’homme ? Un Québec moins rural, plus électrisant…

Dans mes rêvasseries fluides, les images planent au-dessus du taque-tac. Église et politique s’entremêlent, jouant à saute-mouton. Le Cardinal Léger, nous agenouille pour le chapelet en famille, à sept heures tous les soirs. C’est un must. La ville, les sports, les fins de semaines grugent déjà les enrôlés du rosaire.

Le dimanche, je vois des églises pleines jusqu’aux bancs des derniers rangs. Un fondu… Quelques-unes ouvrent même leurs portes, le samedi après-midi, à cinq heures. Cette messe compte aussi pour l’accomplissement du devoir dominical. Le taque-tac bat la ronde des routines du pays et la marche de ses renouvellements.

L’île de Montréal et l’Ile Ste-Hélène s’alignent comme sur une chaîne de montage. Jean Drapeau, au micro toutes les semaines, à la radio, en parle avec passion. Taque-tac…taque-tac…taque-tac…, et tout s’enfonce dans les brumes d’un humus fertile en bourgeonnements.

Granby, le Mont-Sacré-Cœur, le Noviciat, le frère Florentien et d’autres, défilent à leur tour au rythme du taque-tac…taque-tac…taque-tac. C’est ma destination, le lieu de ma nomination, selon le vocabulaire du temps. Je l’ai appris à Paris dans une lettre du Frère Provincial, frère Gérald, qui m’avait écrit plusieurs fois à Rome sur papier oignon, bleu lavé, « par avion ». Je suis déçu et inquiet. Comment livrer aux novices le bourgeon de vie si fragile en moi ? Pas des cours sur la perfection chrétienne ! Ah non ! Sur la Bible ?... Je suis déçu, mais quoi d’autre ? Le latin à Chertsey ? Ou à Rosemère ?

Une dizaine de taque-tac encore, et mes fixations sont au point mort. Puis, soudainement, sans que je n’aie jamais compris ni pourquoi ni comment, c’est le « Moi mes souliers » de Félix Leclerc qui s’ajuste à la cadence des roues sur les rails. Félix, la fierté d’un Québec à naître. Je me laisse dorloter par ses mélodies qui chantent le printemps, ses images qui rappellent les coloris de la « doulce France », ses rois et ses châteaux m’enchantent pendant que son p’tit bonheur paré de son bâton, de ses peines, de ses deuils et de ses guenilles me fait rêver.

Frêle et timide sur un plateau à Montréal, un certain Jean-Pierre Ferland chante « Ton Visage » alors qu’au Saguenay, Robert Charlebois commence à gratter sa guitare. Claude Léveillé traîne ses vieux pianos jusqu’au bout du monde et frotte les sabots de son cheval blanc. Gilbert Bécaud flirte déjà avec les scènes québécoises alors que les Joyeux Troubadours, les Compagnons de la chanson et Charles Trenet disparaissent à pas de loup dans les coulisses du passé.

Marcel Dubé avec « Zone » et « Un simple soldat » m’avait enchanté. Il suffit de deux ou trois taque-tac pour qu’il vienne me hanter. J’en ai marre de l’ « Avare », je le connais par cœur. Le « Bourgeois gentilhomme » ne me fait plus rigoler. Curieux, Molière se fond dans mon taque-tac avec l’image de Claudel, Paul de son prénom. Il figure au premier rang du palmarès de mes coups de foudre au théâtre : « l’Otage », joué sur une scène de fortune à Saint-Louis-des-Français de Rome. Un tout petit taque-tac, le temps de me recueillir sur les émotions vécues alors. On parle pour l’automne de « l’Annonce faite à Marie » ici à Montréal. Il me faudra bien aller la voir !

Taque-tac…taque-tac…taque-tac...
Une brouille enneigée sur mon écran et c’est, après l’image du « sauvage » au regard figé, celle du frère Grégoire qui apparaît. Animé, il suit et « coache », de sa fenêtre du deuxième étage, le match qui oppose les juvénistes à l’équipe du village de Chertsey sur une patinoire extérieure à hauts remblais de neige. Maurice Richard, Toe Blake, les Canadiens, la LNH à six clubs, la rivalité Canadien-Boston, Michel Normandin, René Lecavalier une succession d’images et du temps sur la patinoire du pays… Le hockey au Québec, une vitalité prête à bourgeonner de belle façon.

La locomotive roule lentement, essoufflée. Dehors il fait un temps gris, percé de quelques gouttes d’eau. Cette vue fait naître l’image de Fernand Seguin qui fascine petits et grands sur le petit écran. En pantoufles, la science deviendra quelques années plus tard, « Le sel de la semaine » et nourrira la curiosité de nombreux spectateurs. Hubble, Hubert Reeves, les galaxies ne sont pas encore sur la scène, mais ils sont dans l’œuf, on les espère venir.

De nouveau, je reviens à ma réalité de l’heure, celle du taque-tac qui n’en finit plus de taqueter. Que notre monde est donc riche et plein. Ce rêve de tout connaître calme ma frénésie d’arriver. Nous sommes toujours en sol américain. Je replonge dans l’exploration du passé vieux de trois ans.

« Un homme et son péché », « la Pension Velder », « le Survenant », font la queue-leu-leu au guichet de mes attentions. Wilfrid Lemoyne et Judith Jasmin m’invitent à une promenade autour du monde.

Une atmosphère du pays reconnue par mes instincts me réveille. Nous sommes presque en terre canadienne. C’est Plattsburg qu’on annonce. C’est comme si j’avais déjà un pied dans le Québec. Je me lève et je marche un peu. Le train défie ma nervosité. Il semble ralentir. On n’en finit plus d’arriver. Arriver c’est aussi long que partir le fut il y a trois ans.

Montréal refait surface. Le « faubourg à m’lasse » la Canada Ciment, la rue Hector et les bords du fleuve, le stade Delorimier qui, hélas, n’héberge déjà plus ses Royaux…

Tout près, rue Fullum, la procure, frère Rosaire, le provincial aux larges voiles qui étend la communauté jusqu’en Saskatchewan. Déjà le vent gruge son œuvre. Frère Gérald qui le remplace doit apprendre à gérer la décroissance.

Le temps s’étire, on est trop longtemps immobiles. D’autres locomotives nous narguent en passant à nos côtés. Quand donc arriverons-nous ? Il est 16h30 et nous poireautons toujours.

Finalement, à 17h00, nous descendons après avoir traversé tout un réseau de voies ferrées entrecroisées. Que Montréal est sale dans son arrière-cour de la gare centrale !

Frère Hubert nous attendait. Il me dépose à la résidence de l’école Meilleur, rue Fullum, en ce vendredi du 18 août. Pendant tout le trajet entre la gare et la résidence des frères, je dois me défendre contre une impression envahissante. Après Rome, Paris et New York, que Montréal m’apparaît donc petit ! Ville de province ou gros village ?

Le lendemain, je prends l’autobus Bourgeois qui m’amènera à Drummondville ou papa, selon une habitude invétérée, viendra me chercher pour le rang St-Alexandre qui n’a guère changé. Il y a cependant un petit indice qui annonce de grands bouleversements. On ne va plus porter le lait à la fromagerie, un camion ramasse les bidons qu’on place sur le bord de la route. Premier choc du temps qui passe, scandé au martèlement du taque-tac qui est passé.

Le samedi soir, devant la famille réunie, c’est la distribution des prix. Je suis un peu gêné. J’avais un budget de cinquante dollars pour acheter des souvenirs de Rome à chacun des membres de la famille. Une petite image, un chapelet, un bibelot en marbre et la bénédiction du pape. Eux, avant que je parte, avaient amassé 120 $ pour me procurer une machine à écrire Smith Corona que je ne rapportais même pas. La pauvreté ne coïncide pas toujours avec le vœu de pauvreté.(1)

Je dors au Québec, dans le berceau de mon enfance. Je rêve mon enfance. Mais, en suspens dans l’air de la nuit, il y a des nuages qui s’agitent, signes avant-coureurs de bouleversantes révolutions. Mes neurones les ont captés. Ils les traduisent en rêves qui éclatent de toutes parts et en bandes cinématographiques en marche ultrarapide. Demain sera un tout autre jour.
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(1) De Lourdes j’avais rapporté à ma sœur Monique, qui faisait son noviciat chez les Sœurs de l’Assomption de Nicolet, une statue de la Vierge. La statue était scellée et devait contenir de l’eau de Lourdes. Ce petit présent avait fait grand plaisir à Monique. Quelque temps après, mes parents vont lui rendre visite à Nicolet. Ils voient dans la montre d’objets de piété à vendre la statue que j’avais donnée à Monique. Maman s’informe. Monique n’avait pu garder cette statue car, lui avait-on dit, le vœu de pauvreté qu’elle allait prononcer bientôt lui interdisait de garder des objets « en propre ». Sans commentaires. 

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La Chronique à Jean-Claude
ANNUAIRE 1960-1961
N° 55

Pour promouvoir les vocations, on recourt à un tableau d’honneur des vocations.


Pour l’admission au noviciat, on hausse un niveau d’études plus élevé qu’auparavant.


On promeut les ressourcements spirituels pour les frères : retraites, récollections, second noviciat, grand noviciat dont un des objectifs est d’assurer la persévérance.


Un frère du Sacré-Cœur participe à la Commission des religieux du Concile œcuménique mise sur pied par la CRC (Conférence religieuse canadienne)


Il y a courses aux qualifications professionnelles et académiques chez les frères.


Le frère Georgius fait sa marque dans la promotion des travaux manuels à l’échelle de la province de Québec.


On abandonne la soutane pour les sorties en ville; on revêt le complet noir et la cravate noire.


Il y a six fermetures de maisons.


Statistiques des sept provinces canadiennes :


- 1540 profès

- 83 novices

- 1263 juvénistes


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Prochaine publication : # 29 - Pas de vin nouveau dans de vieilles outres

samedi 23 octobre 2010

27 - L'alternative


Le bonheur, pourquoi le refuser ?
En l'acceptant, on n'aggrave pas le malheur des autres
et même ça aide à lutter pour eux.
Je trouve regrettable cette honte qu'on éprouve à se sentir heureux. Albert Camus

Saint Albert Camus priez pour nous!

Fin juillet 1961. Je suis devant une centaine d’étudiants de toutes races, inscrits aux cours d’été de littérature française, à la Sorbonne, à Paris. Je donne un exposé sur Albert Camus qui vient de mourir, victime d’un « absurde » accident (1).

Camus me fascine depuis plusieurs années.

Quand au Juvénat de Chertsey, j’avais vu, presqu’en délinquance,
Le Malentendu de Camus, j’avais été touché sans trop connaître la raison de ma fascination. Puis, j’ai lu La Peste, L’Étranger et le très dense Mythe de Sisyphe. Et finalement l’Exil et le Royaume qui, aux dires de certains récupérateurs, laissait briller des lueurs de foi chez son auteur classé comme agnostique. C’était dans le temps où tout ce qui avait odeur existentialiste attirait. J’avais aussi lu La Nausée de Jean-Paul Sartre, Le Diable et le bon Dieu, et Huis-clos. J’étais comme ébloui. Ces auteurs avaient le don d’écrire pour dire de vraies choses, celui aussi de donner un sens au non-sens.

Après la fin de mes cours à Jesus Magister, au début de juin, dès la fin du grand-noviciat je me rendis à Paris en compagnie du Frère Réal que j’avais connu d’abord à St-Victor en 1947, puis à Chertsey de 1954 à 1957. Nous nous entendions comme larrons en foire.

À l’été 1959, je m’étais inscrit à des cours de culture française à l’Institut catholique de Paris.

Cette fois, autant pour éprouver ma « nouvelle foi » que pour éviter les récupérations trop faciles d’auteurs non-catholiques, je m’inscrivis plutôt à l’université laïque de la Sorbonne.

Nous logions à Jean-Dolent, chez les Eudistes, juste à côté de la prison de la Santé.

Tous nos temps libres nous les passions à sillonner la toile d’araignée du métro de Paris. Non pas pour voir des monuments, mais surtout pour courir les cinémas, voir les films que nous avions manqués : Les fraises sauvages et Le septième sceau de Bergman, tous les films de Carné, quelques Charlie Chaplin et la coqueluche de l’heure, La Dolce vita de Fellini. Il y eut aussi Guerre et Paix, Ben Hur en plus de quelques classiques à la Comédie française. Ces spectacles coûtaient presque rien. Frère Réal et moi, on avait la même attitude déjà bien en avant de celle qui prévalait encore dans le milieu communautaire : pendant qu’on était sur place mieux valait, par fidélité à notre vœu de pauvreté, en profiter pleinement. « "La culture ne nuit à personne, pas même aux professeurs » disait-on alors en blague comme pour répondre à d’imaginaires critiques.

Cours à la Sorbonne

À la Sorbonne, c’est surtout le cours de 45 heures portant sur les existentialistes, Sartre et Camus qui retint mon attention.

L’énorme rocher qu’un frêle humain semble vouloir remonter en haut de la pente c’est l’image qui dit tout Camus, Le Mythe de Sisyphe, La Peste, le regard camusien sur le monde et le sens que la vie pouvait prendre face à l’absurde régnant.
Et on était à la Sorbonne, pas à l’Institut catholique de Paris. Il n’y avait pas lieu de lire Camus avec toujours sur le bout du nez les lunettes de critiques catholiques. Camus se lisait avec Camus, La Peste avec Le Mythe de Sisyphe, rien d’autre.

Les étudiants qui le désiraient pouvaient présenter à la classe sous le regard critique du professeur un exposé d’environ 30 minutes sur un auteur de leur choix. Je m’inscrivis et je choisis naturellement Camus, La Peste en parallèle avec Le Mythe de Sisyphe. C’était un sujet facile. Je voulais approfondir ma connaissance de Camus. J’ai souventes fois expérimenté que la meilleure façon d’apprendre c’était d’enseigner.

L’alternative – Une roue de secours

L’illumination qui avait couronné les trente jours d’Exercices avec saint Ignace avait bien fait ses cent jours. Tout était beau. Comme un patron qui se gonfle les poumons à la vue de ses ouvriers au travail, je voyais le Christ présent partout à la fois dans la pâte humaine pour y faire éclater la joie de sa résurrection et le rayonnement de son Amour. Mais, chassez le naturel et il revient au galop. Petit à petit les doutes étaient revenus. Mon regard sur le monde et sur la vie s’assombrissait. Je tenais tant bien que mal la route de la foi, mais une roue de secours qui pallierait ses ratés était bienvenue. C’est ce que Camus m’a donné.

Oui, l'homme est sa propre fin. Et il est sa seule fin. S'il veut être quelque chose, c'est dans cette vie. Maintenant, je le sais de reste. Les conquérants parlent quelquefois de vaincre et surmonter. Mais c'est toujours « se surmonter » qu'ils entendent. Vous savez bien ce que cela veut dire. Tout homme s'est senti l'égal d'un dieu à certains moments. C'est ainsi du moins qu'on le dit. Mais cela vient de ce que, dans un éclair, il a senti l'étonnante grandeur de l'esprit humain. Les conquérants sont seulement ceux d'entre les hommes qui sentent assez leur force pour être sûrs de vivre constamment à ces hauteurs et dans la pleine conscience de cette grandeur. [121] C'est une question d'arithmétique, de plus ou de moins. Les conquérants peuvent le plus. Mais ils ne peuvent pas plus que l'homme lui-même, quand il le veut. C'est pourquoi ils ne quittent jamais le creuset humain, plongeant au plus brûlant dans l'âme de révolutions. Le Mythe de Sisyphe Les Éditions Gallimard 1942 p. 81

Un monde qu’on avait évangélisé au bout de l’épée ou que l’on cadrait de dogmes catholiques malgré toutes les bénédictions du ciel, restait marqué par l’absurde lourd du péché. Malgré la résurrection, la mort sévissait tous les jours et frappait les pécheurs et aussi les enfants. Les limbes ne les ramenaient pas à la vie ni à l’affection des leurs.

Il fallait être aveugle ou de mauvaise volonté pour ne pas voir battre la beauté du monde dans la fleur qui éclot ou dans la matière qui joue ses électrons comme une partie de foot. Le branchement à la résurrection ne changeait rien ni à la pesanteur ni à l’exquise beauté de ce monde.

Faire face au réel de ce monde et y trouver sens, bonheur et action tel était le défi que me présentait Camus.

Il vient toujours un temps où il faut choisir entre la contemplation et l'action. Cela s'appelle devenir un homme. Ces déchirements sont affreux. Mais pour un cœur fier, il ne peut y avoir de milieu. Il y a Dieu ou le temps, cette croix ou cette épée. Ce monde a un sens plus haut qui surpasse ses agitations ou rien n'est vrai que ces agitations. Il faut vivre avec le temps et mourir avec lui ou s'y soustraire pour une plus grande vie. Je sais qu'on peut transiger et qu'on peut vivre dans le siècle et croire à l'éternel. Cela s'appelle accepter. Mais je répugne à ce terme et je veux tout ou rien. Si je choisis l'action, ne croyez pas que la contemplation me soit comme une terre inconnue. Mais elle ne peut tout me [119] donner, et privé de l'éternel, je veux m'allier au temps. Je ne veux faire tenir dans mon compte ni nostalgie ni amertume et je veux seulement y voir clair. Je vous le dis, demain vous serez mobilisé. Pour vous et pour moi, cela est une libération. L'individu ne peut rien et pourtant il peut tout. Dans cette merveilleuse disponibilité vous comprenez pourquoi je l'exalte et l'écrase à la fois. C'est le monde qui le broie et c'est moi qui le libère. Je le fournis de tous ses droits. Le Mythe de Sisyphe Op. cit. p.79

Le journaliste avait raison dans son impatience de bonheur. Mais avait-il raison quand il l’accusait? « Vous vivez dans l’abstraction « Était-ce vraiment de l’abstraction que ces journées passées dans son hôpital où la peste mettait les bouchées doubles, portant à cinq cents le nombre de victimes par semaine? Oui il y avait dans le malheur une part d’abstraction et d’irréalité. Mais quand l’abstraction se met à vous tuer il faut bien s’occuper de l’abstraction. La Peste Édition Gallimard, 1947 p. 85

La source du bonheur de Sisyphe

Le monde de Camus, avant d’être beau, était opaque comme la nuit, lourd comme le rocher de Sisyphe mais combien réel et sans histoire. L’absurde gluant et dominant imprévisible comme la peste.

Devant cet absurde généralisé l’homme de Camus est très petit et très humble. Le roseau de Pascal, aussi dépourvu que le docteur Rieux devant la peste.

Mais, ce qui fait le génie de Camus, cet homme, ce Sisyphe englué ou succombant à chaque instant sous la pesanteur incontournable du rocher, n’est pas là sous le coup d’une condamnation. La peste n’a pas besoin du péché des hommes pour sévir. Elle est là. Une catastrophe qui colle sur tout ce qu’elle touche, comme le pétrole sur la mer. Et devant elle, Rieux résiste, Sisyphe bloque son rocher sur la pente raide de la vie.

Et Sisyphe qui se dresse ainsi est heureux ! Heureux d’un bonheur paisible, silencieux, et efficace. Et ce qui le rend heureux, c’est sa condition d’homme raisonnable plongé dans ce magma sans âme et le défiant. Son bonheur il le tire non d’un titre de noblesse artificiellement attaché à son sang ou à ses ancêtres ni d’une énergie extraterrestre qui compenserait les ratés de sa nature, mais de son action au quotidien, celle patiente d’imposer, à la pièce, sa rationalité à ce monde sans nom, de l’identifier et de le harnacher à son profit. La joie du travail bien fait, celle d’une mission accomplie. La triple action, point de mire du bouddhisme : poser le bon regard, entretenir la juste pensée, accomplir l’efficace action.

Si d’autres, au contraire, que Rieux apercevait sur les seuils des maisons, dans la lumière déclinante, enlacés de toutes leurs forces et se regardant avec emportement, avaient obtenu ce qu’ils voulaient, c’est qu’ils avaient demandé la seule chose qui dépendît d’eux. Et Rieux au moment de tourner dans la rue de Grand et de Cottard, pensait qu’il était juste que, de temps en temps au moins, la joie vînt récompenser ceux qui se suffisent de l’homme et de son pauvre et terrible amour. Op. cit. p. 272

Malgré que l’on sache que l’absurde comme la peste nous dépasse, qu’il reviendra toujours, qu’on ne le vaincra jamais ni totalement ni partiellement, la lutte au jour le jour, au centimètre près, contre ce rocher qui nous accable de sa gravité, qui nous écrasera un jour pour qu’on devienne comme lui, absurde avec lui, totalement, et probablement à jamais, cette lutte grandit l’homme ici et maintenant. C’est elle qui réjouit le docteur Rieux, bien qu'aphone devant la mort d’un enfant, il continue la lutte contre la peste, Toujours, tant qu’elle sera là.

Dans le même mouvement emporté, Rieux se retourna et lui jeta avec violence :

-Ah! Celui-là, au moins, (un enfant) était innocent, vous le savez bien!

… Rieux se laissa aller sur son banc. Il regardait les branches, le ciel, retrouvant lentement sa respiration, ravalant peu à peu sa fatigue.

- Pourquoi m’avoir parlé avec cette colère? Dit une voix derrière lui. Pour moi aussi, ce spectacle est insupportable.
Rieux se retourna vers Paneloux :

- C’est vrai, dit-il. Pardonnez-moi, Mais la fatigue est une folie. Et il y a des heures dans cette ville où je ne sens plus que ma révolte.
- Je comprends, murmura Paneloux, Cela est révoltant parce que cela passe notre mesure. Mais peut-être devons-nous aimer ce que nous ne pouvons pas comprendre.
Rieux se redressa d’un seul coup. Il regardait Paneloux, avec toute la force et la passion dont il était capable et secouait la tête.

-Non, mon père, dit-il. Je me fais une autre idée de l’amour. Et je refuserai jusqu’à la mort d’aimer cette création où des enfants sont torturés. 

Ah! Docteur, fit-il avec tristesse, je viens de comprendre ce qu’on appelle la grâce.
Mais Rieux s’était laissé aller de nouveau sur son banc, Du fond de sa fatigue revenue, il répondit avec plus de douceur :

- C’est ce que je n’ai pas, je le sais, je le sais. Mais je ne veux pas discuter cela avec vous, Nous travaillons ensemble pour quelque chose qui nous réunit au-delà des blasphèmes et des prières. Cela seul est important.

Paneloux s’assit près de Rieux. Il avait l’air ému.
- Oui, dit-il, oui, vous aussi vous travaillez pour le salut de l’homme.

Rieux essayait de sourire.

- Le salut de l’homme est un trop grand mot pour moi. Je ne vais pas si loin. C’est sa santé qui m’intéresse, sa santé d’abord….p. 198-199
La sève du bonheur est dans la lutte plus que dans la fleur, dans l’action plus que dans son résultat.

Après cette étude et la présentation de mon exposé, je commençai à voir le monde sous un autre angle.

Il était ce qu’il était, amorphe, dépourvu de sens et de finalité. C’est la raison humaine qui lui conférait sa beauté et les engagements des hommes, ses finalités. Les atomes étaient là, vibrants et menaçants, ni bons ni mauvais, là. Einstein avait arraché leur mystère et les avait harnachés. La maladie, les virus venaient et allaient comme la peste, inconnus, opaques. Pasteur avec ou sans la force du Ressuscité avait percé leur carapace et décodé leurs commandes. Et ainsi de suite. L’action de l’homme même non relié à l’En-Haut effaçait le péché du monde, éduquait son absurdité. C’est dans ce monde qu’était né Jésus. C’est cette cause qu’Il avait épousée en la doublant d’un amour branché sur le cœur de Dieu.

Il y avait plus de similitudes que d’oppositions entre la cause de Jésus et celle de Sisyphe. Comme aujourd’hui entre les tâches des chrétiens et celles des communistes ou celles des verts, ou celles poursuivies par Amnistie internationale.

Le regard de Camus se justifiait aussi par de nombreux exemples tirés de la vie quotidienne. Le philosophe chercheur de sens qui tient l’opacité du monde au bout de ses bras, le politicien qui cherche à établir la paix et les meilleures conditions de vie qui soient, le professeur qui lutte contre l’absurde de l’ignorance et ainsi de suite pour tous les métiers du monde et pour toutes ces femmes et tous ces hommes bien engagés au sein de la pâte humaine.

De l’intérieur du clan chrétien, Sisyphe est un condamné sans salut donc doublement condamnable. Il suffit d’écarter les rideaux et d’ouvrir un peu la fenêtre pour voir que Sisyphe n’était pas un mythe païen, qu’il avait le pouvoir de rassembler les hommes tout comme, sans fausse et enfantine exclusion, Jésus dans le Royaume ou Teilhard de Chardin au sein de la matière en montée d’esprit vers la noosphère.

Je n’ai pas l’intention d’unifier artificiellement les hommes et le monde dans un facile syncrétisme qui ramollisse l’absurde et le rende doux et savoureux, cependant pour moi, avec Camus, l’image de Jésus, celle d’un Karl Marx, d’un Gandhi, d’un Teilhard de Chardin et de bien d’autres se conjuguent très bien ensemble. Les opposer relève de l’enfantillage culturel et social.

Camus m’a fait réaliser que le soleil ne brillait pas que dans le camp des catholiques. Partout où il brille, il génère des ombres et des lumières. Pour nourrir l’humanité aussi bien de pains que de sens, on a besoin de toutes les terres où se lève et se couche le soleil.

Camus m’habite toujours. Et parfois avec Jésus-Christ. En moi ils sont frères avec Sisyphe. Des ouvriers à la vigne du sens.

Après l’illumination de Jésus ressuscité connue au terme de ma retraite de trente jourset qui avait relancé ma vie sur le rail de la foi, Camus c’est une alternative sécurisante, une espèce de roue de secours qui n’enlève rien à la brillance ni à l’efficacité du regard de foi.

Pour tes jours d’optimisme, Jésus ressuscité est là partout perçant toutes les nuits de sa lumière et toutes les mesquineries de son amour. Quand le spleen te gagne tu as aussi raison de voir le monde plongé dans la mélasse de l’absurde. Avec Camus, tu peux t’en sortir en usant des outils que tu peux manier. Résister prend du sens. Rechercher le Vrai et le Beau est une tâche humaine noble et réjouissante.

Épilogue

Vers la mi-août, frère Réal et moi nous montions sur le Queen Élisabeth en direction de New York. Visiter New York, une cerise sur ce gâteau qui avait duré trois ans. Le retour à Montréal fut long de l’impatience de revoir son chez-soi. Après Rome, Paris et New York, Montréal me parut un petit village de campagne. Il m’a semblé que rien n’était déjà plus pareil. Des ferments d’énergies nouvelles jaillissaient de toutes parts. Et moi j’emportais dans mes valises deux bourgeons qui ne demandaient qu’à croître : Camus et Jésus. Le réel opaque à défricher toujours. La lumière au bout de chaque tunnel.





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(1) Albert Camus est décédé dans un accident d’auto le 4 janvier 1960.
(2) Cf. Mémoires ... V. II, No 20 Juvénat de Chertsey – Frère Anatole

(3) L’Exil et le Royaume,1957, est le dernier écrit publié par Camus de son vivant. Six nouvelles qui expriment une même pensée, la condition d’Exil de l’homme sur la terre des autres hommes et les efforts vers l’établissement de son propre « Royaume » de liberté. Clic

(4) Camus fera du Mythe de Sisyphe, raconté par Homère, l’illustration de sa conception de la condition humaine dans l’univers qui l’entoure et le dépasse. Il modifia ce mythe en faisant de Sisyphe non un condamné par les dieux mais l’image de l’homme réel plongé dans un univers coupé de toute rationalité et de toute finalité (l’absurde) et au sein duquel l’homme trouvera le bonheur (Sisyphe heureux) dans la lutte et la résistance par la seule force de sa raison. Le Mythe de Sisyphe (texte intégral) est l’œuvre maîtresse et théorique des conceptions de Camus alors que La Peste en est l’illustration concrète.

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La chronique à Jean Claude

ANNUAIRE 1959-1960 
N° 54

En cette année, on indique qu’il y a 61 378 élèves dans les 174 établissements que dirigent les frères au Canada.

Le recrutement est plus difficile et on tente toujours de le diriger plus énergiquement vers les élèves du cours secondaire.

Pour la première fois, selon certaines conditions, le gouvernement provincial subventionne les maisons de formation de la Congrégation à partir de fonds publics.

On promeut toujours les mouvements traditionnels dans les écoles : JEC, cadets du Sacré-Cœur, Croisade eucharistique, et autres.

Au niveau des études supérieures, on remarque une tendance plus forte vers les cours de sciences religieuses.

Il y eut deux fermetures de maisons et une nouvelle fondation.

Dû au moins grand nombre de profès temporaires, la moyenne d’âge des profès d’une province commence à grimper.

Statistiques des sept provinces canadiennes :

- 1571 profès
- 62 novices
- 1242 juvénistes
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Prochaine parution : # 28 La rentrée au pays 









samedi 16 octobre 2010

26- L'illumination

Pour entendre le chant en grégorien, double clic sur l’image

Veni Creator Spiritus
Mentes tuorum visita
Imple superna gratia
Quae tu creasti pectora (1)

samedi 9 octobre 2010

25- Mise à jour et bilan


On n'est jamais jugé sur un bilan,
mais toujours sur sa capacité à se projeter dans l'avenir

Philippe Douste-Blazy

Un complexe à liquider

Nous sommes au mois de novembre. Il pleut souvent et abondamment en novembre à Rome. Je revenais du Marianum. Je m’y étais inscrit à une série de cours en Mariologie. Je revenais à pied lorsque, vers 19h30, les cordes (au Québec il pleut plutôt des clous, ici ce sont des cordes) m’ont littéralement barré la route.

Je vous l’ai déjà laissé entendre, j’ai longtemps connu une espèce de complexe à l’endroit de la Sainte Vierge Marie.

Un complexe de jalousie du même type que celui qui m’avait habité au Juvénat, en dixième année, puis au Noviciat. Frère Florentien était trop populaire à mon goût; ainsi en était-il de la Vierge Marie. On lui rendait trop d’hommages, on exagérait son rôle dans l’économie du salut, on la considérait comme toute-puissante, plus même que son fils Jésus. Cette attitude m’irritait les pensées et les dévotions comme une urticaire que l’on gratte mais qui revient toujours nous hanter l’épiderme.

Mon séjour à Rome serait aussi à ce sujet le temps d’une profonde mise à jour de mes sentiments et de mes dévotions. L’Istituto Universitario Marianum dirigé par les Marianistes en serait l’occasion. Cet institut, situé près de Mascherone, offrait une brochette de cours en mariologie. Ces cours se donnaient en soirée, c’est-à-dire selon l’horaire romain, de 16h00 à 19h00.

Espérant régler mon complexe et aussi faire d’une pierre deux coups en perfectionnant mon italien, je m’y inscrivis dès ma première année à Rome.

Je n’y fis pas de grandes trouvailles. Sous le titre de mariologie, on donnait des cours de théologie traditionnelle avec une couleur de spiritualité mariale. Rien pour dissoudre un gros complexe comme celui qui m’accablait depuis plusieurs années.

Médecin, guéris-toi toi-même. Mon remède ce sera mon mémoire de licence à Jesus Magister. Je l’avais mijoté dès la fin de ma première année : la place et le rôle de Marie dans l’économie du salut. Je définirais moi-même cette place et ce rôle comme un metteur en scène le fait pour ses acteurs. Prétentieux? Peut-être, mais rien de bien extraordinaire. Plusieurs avant moi, sans compétence aucune, ont donné à Marie des pouvoirs qui correspondaient plus à leurs besoins qu’à leur compétence.

Ma thèse, un titre pompeux : LA CORÉDEMPTION DE MARIE DANS LA VOCATION HUMAINE À L’ORDRE DU SALUT.
Je n’ai pas inventé le titre de Marie Co-Rédemptrice. Il existait depuis le XVe siècle. Sans trop savoir ce qu'il couvrait, je lui ai fait dire, à l’aide de quelques textes scripturaires, ce que je voulais. Je déplorais que Marie fût, dans certaines spiritualités, associée à l’image de la reine-mère gérante des affaires de Dieu. Ce qui la plaçait dans une catégorie à part, ce qui activait mon urticaire.

Il m’a semblé que le rôle de Marie dans l’économie du salut devait être celui de tout être humain de bonne volonté, celui de l’accueil de Dieu si bien signifié par son « fiat mihi secundum verbum tuum».

Au lieu d’être la seconde après Jésus, souvent même avant le Saint-Esprit, Marie devait être la première de l’humanité. Un beau modèle pour les féministes les plus raisonnables. La première des hommes, plus emblème et guide de l’humanité dans l’accueil de Dieu que Reine-mère, comblée de privilèges pour son rôle de berçeuse de l’Enfant-Dieu et de dispensatrice de ses dons.

Je développai cette thèse en 86 pages, réparties en une quinzaine de chapitres et trois grandes divisions.

Je ne sais pas quel théologien j’aurais convaincu avec cette thèse.

Je soupçonne même que personne ne l’a lue en entier, pas même le correcteur chargé de l’évaluer.

Ce mémoire produisit chez moi l’effet cherché, il m’a guéri de ma jalousie chronique. Marie redevenait des nôtres. Une femme qui définit dans son être et dans sa vie la juste attitude humaine devant le divin.

Le concile Vatican II ne reconnut pas à Marie le titre de Co-Rédemptrice. Ce titre demeure encore trop ambigu ont expliqué quelques « pères » du concile Vatican II. Pour moi, Marie est co-rédemptrice de plein droit mais dans le sens que j’ai défini. C’est ainsi que j’aime bien la voir revêtue. Amen

Dans un monde en mutation

Pendant que nous nous esquintions à décortiquer et à ingurgiter cette somme de courants et de formulations théologiques accumulées pendant des siècles, le monde et l’Église comme en défi procédaient à de profondes mutations.

Le 25 janvier 1959 le concile Vatican II


Alors que les cours viennent tout juste de reprendre, après la deuxième semaine de l’unité des chrétiens, le pape Jean XXIII annonce la tenue du concile qui aura pour tâche de promouvoir le développement de la foi catholique, d’assurer le renouveau moral de la vie chrétienne et d’adapter l'Église aux besoins du temps présent. Le pape qu’on dit être « de transition » surprend tout le monde.

À la Curie et à l’Université c’est comme si on avait donné un coup de pied à la fourmilière : théologiens, professeurs, étudiants, journalistes, en catimini comme à grandes manchettes, s’affolent et s’activent en commentaires et en commissions à la préparation de ce fameux concile.

Il fallait que le souffle de l’Esprit fût vraiment puissant pour coordonner toutes ces énergies disparates et souvent contradictoires vers une réforme en profondeur de la vie de l’Église, de sa présence et de son action dans le monde.(1)

Le 7 septembre 1959 - Mort de Duplessis

La nouvelle crée la consternation au sein de notre petite communauté d’étudiants québécois vivant à Rome. L’événement est largement commenté. Paul Sauvé et son célèbre « désormais » nourrit tous les espoirs pour un Québec renouvelé. Cette effervescence sera doublée lors de l’annonce en janvier du décès de ce dernier, de la venue du gouvernement Lesage et de son « équipe du tonnerre » qui lancera la « Révolution tranquille. » Ici (à Rome) on est POUR, pour tout ce qui est nouveau !

Le 8 novembre 1960 - Életion de Kennedy

Pour la première fois dans l’histoire, l’élection du président des USA avait été précédée de débats télévisés qui mettaient en face en face à la grandeur du monde les deux
candidats à la présidence: Richard Nixon et John F. Kennedy.


Ces débats et les commentaires qui les accompagnaient furent suivis à Rome avec une attention quasi religieuse presque aussi intense que celle qui préside aujourd’hui à la diffusion du Mondial en Afrique du Sud. C’est pendant cette campagne que Kennedy prononce le fameux discours qui annonce une Nouvelle Frontière, celle qui donne le coup d’envoi au programme lunaire américain. « Notre nation doit s’engager à faire atterrir l’homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie.»
Une ère toute nouvelle s’amorce bellement dans le monde. Tant dans le monde que dans l’Église, péniblement avec ses avancées et ses reculs, l’avenir prend le pas sur le passé, les projets sur la tradition, les avant-gardistes sur les traditionnalistes sur l’échiquier mondial de 1961.

Le 13 août 1961 - Le mur de Berlin

Les désertions d’Allemands de l’Est vers l’Allemagne de l’Ouest étaient considérées à l’Ouest comme la preuve d’une supériorité du régime capitaliste sur le régime communiste. On les applaudissait. On a mal compris alors la non-intervention de Kennedy lors de l’érection du Mur de Berlin et de son extension sur 155 km de frontières, bien que cet acte fût contraire à l'accord entre les quatre grandes puissances, Kennedy ne l'empêche pas. Ce sera un lourd boulet au pied des rêves de sociétés unifiées dans un monde nouveau.

Pendant cette période, le Général de Gaulle en France, fonde la Ve République et reconnaît l’indépendance de l’Algérie. Sous la poussée de Patrice Lumumba, l’Afrique colonisée devient, à la suite du Congo, une mosaïque de pays en gestation. En trois ans, nous assistons à une succession en cascades de modifications politiques, économiques et sociales qui généreront un monde (occidental) tout nouveau. Un défi de taille pour la présence de l’Église dans ce monde et pour sa mission d’y annoncer la Bonne Nouvelle de la Révélation.

Pour moi, toute cette transformation extérieure sera accompagnée d’une importante mutation intérieure dont je ferai état au prochain chapitre.

Un bilan de la formation reçue à Jesus Magister

Lors d’une rencontre de trois ex-jesusmagistériens, (Frère Jean-Claude Éthier, alias frère Raymond, Lionel Pelchat, alias frère Jean-Pierre et moi-même) nous nous sommes posé la question : Que m’a apporté Jesus Magister ? Chacun devra donner sa réponse personnelle par écrit.


Un clic donne accès au bilan des autres ex-JM. (2)

Voici le mien.

Comme le dit Mc Luhan, le médium c’est le message. En l’occurrence le medium c’est Rome, c’est la fraternité de Mascherone et aussi l’Université du Latran. Les faiblesses liées au programme et au contenu des cours ont été largement compensées par la richesse du médium qui m’a plongé en immersion totale dans une eau purificatrice de mes scories, libératrice de mes des tabous intellectuels concernant la Révélation et qui m’a régénéré dans un univers de concepts théologiques fort riches.

Nous étions un groupe cobayes pour un vin nouveau qui n’avait pas été suffisamment décanté dans l’esprit des professeurs du Latran. Le programme n’avait pas subi l’épreuve du temps On y a mis beaucoup de choses inutiles ou non appropriées. L’Université du Latran était fort bien équipée dans les facultés de droit canon et de théologie, mais en catéchèse, c’était plutôt faible. Et répondre à des attentes culturelles en une période de profondes transformations, c’est un défi fort difficile à relever.


Pour tout étudiant critique, et quel étudiant ne l’est pas ?, la brochette des professeurs chargés de cours à l’Institut, au barème des souvenirs qu’on en garde, s’échelonnait de médiocre à excellent. Une courbe normale. Les professeurs déjà mentionnés au chapitre précédent, gardaient la plus haute cote d’écoute. Mes confrères accordent aussi une bonne cote d’appréciation à Mgr Piolanti, à Mgr Pietro Pavan et au professeur de droit Angeli.


Certains par ailleurs, au bas de l’échelle considéraient la théologie (Frère Marie) comme un cours de spiritualité pour jeunes novices, d’autres, (Frère Griéger ) y greffaient les sujets de leur dada qui n’avaient rien à voir avec la théologie. À certains cours très livresques on pouvait appliquer cette ironique définition des cours comme étant « le procédé par lequel les notes passent du cahier du professeur au cahier de l’étudiant sans passer par la tête d’aucun ». Pour d’autres, un jugement plutôt sévère envers les « pelleteux de nuages » ou pour qui « s’écoute parler ».


Plusieurs de ces raisons expliquent qu’on ait dû fermer l’Institut après à peine douze ans d’existence. (3)


Si je sonde mes entrailles et me demande ce qu’il m’a donné, la réponse est fort différente.


En moi, le résultat de cette partie d’échecs qui opposait les anciens aux modernes fut au net avantage des modernes.

Intellectuellement Jesus Magister m’a enrichi. Il m’a introduit dans plusieurs ateliers de réflexion théologique.


La théologie servante de la révélation

Voir ce que l’esprit humain, qui enfourche de frêles petites ondes, peut tirer en connaissances de l’univers, de son histoire et d’astres situées à des milliards d’années lumière de nous, c’est émerveillant et époustouflant.

Le donné révélé, fondement de la foi chrétienne, est aussi un univers répandu à travers le temps et l’espace en des milliards de petites étoiles qui signent, souvent à faible intensité et au milieu d’un vacarme de parasites, la discrète présence de Dieu et son dessein de faire alliance avec l’homme.

Fouiller cet univers, découvrir le sens de ces histoires souvent disparates, tout traduire en concepts qui se tiennent, qui forment un tout intelligible et cohérent c’est une œuvre gigantesque comparable à toutes celles que le génie humain a montées dans des domaines aussi différents et aussi variés que la physique nucléaire, l’astronomie et la mathématique.

Cette œuvre dont je ne connaissais que des brindilles éparses, celles du petit catéchisme ou de la nomenclature des dogmes, je l’ai entrevue dans son ensemble. Je sors de ce bain émerveillé par la vision de la doctrine chrétienne, par sa cohérence et par l’éclairage qu’elle apporte à l’intelligence humaine du milieu divin révélé.

Je suis émerveillé aussi par les génies humains, de saint Paul aux Pères des conciles et du concile Vatican II en passant par saint Augustin et par le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, qui l’ont réalisée.

J’ai aussi mieux compris la fonction de la théologie dans le maintien et la promotion de la foi. Sans les longues palabres byzantines entremêlées des plus vils intérêts qui ont fourni la matière brute des dogmes conciliaires, il y aurait eu un gros risque que cette merveilleuse expérience de Dieu s’effrite dans le décor ou ne sombre dans la plus avilissante des superstitions si elle n’avait pas été coulée dans une structure rigide, celle des dogmes de la sainte Église. S’effriter dans le décor, au temps de la primitive Église cela voulait dire donner dans la gnose omniprésente dans les premières communautés chrétienne et dont l’influence sur l’interprétation du mystère chrétien se prolongera jusqu’à nos jours.

Jésus aurait-il pu survivre dans l’atmosphère gnostique ? Peut-être, mais il n’aurait pas vécu comme Jésus de Nazareth, plus probablement comme le Verbe, éon de lumière, dernier échelon de la parcelle de divin prisonnier dans la pâte humaine. Rien de nouveau, un Horus égyptien ou un Mithra romain.

Notre foi est fondée sur le Jésus de l’histoire incarné et ayant vécu en un temps « x » sur notre terre, non un avatar d’Horus ou de Mithra.(4)

L’historicité de Jésus et du salut a été affirmée et professée à toutes les époques des conciles, appuyés sur une solide théologie qui en a expliqué les articulations et les conséquences. Un Jésus ontologique, on l’a vu dans les élaborations postérieures des gnostiques, ne pouvait qu’établir une hiérarchie d’êtres en voie d’assomption vers le divin. Rien comme le côte-à-côte de l’homme avec Dieu, rien pour susciter la communion de vie des premières communautés chrétiennes, l’alliance de tout homme de bonne volonté devant les grandes causes, rien pour la démocratie, ou la fraternité universelle.

Bref, pour passer les siècles, l’intelligence de la foi avait besoin de se codifier en une structure rigide, celle des dogmes, qui ont balisé la voie de la continuité et de la vérité dans la compréhension du mystère du salut et dans son expression à travers les rites chrétiens.

Inspiration et interprétation en Écriture sainte

Jeune, je l’ai dit, j’étais fasciné par le caractère sacré des Saintes Écritures. Les tranches qu’on nous servait dans la liturgie avaient le caractère et la réputation de paroles magiques, sacrées, soufflées par l’Esprit dans l’oreille de l’écrivain sacré. La Bible était inspirée directement par Dieu. Il n’y avait rien à chercher d’autre.

Ma découverte de la Bible fut toute autre. La Bible soumise à la discipline de l’exégèse apportait non seulement une signification enrichie et plus juste des textes sacrés dans leur diversité mais contribua aussi à une meilleure intelligence de la Révélation prise dans son ensemble.

Alors Dieu ne dicte plus le mot à mot des textes sacrés mais il est présent à tous les événements qui forment la trame de l’histoire de ce peuple, non un Dieu-belle-mère intervenant à tout propos dans les affaires des humaines, mais un Dieu présent, offrant à tous les bienfaits de son alliance.

Après Jesus Magister, le courant de la relation à Dieu n’allait pas de l’homme à Dieu dans un effort de perfectionnement et de spiritualisation mais de Dieu au service de l’homme même pécheur dans le sens de la plus authentique incarnation.

Saint Irénée l’avait dit au IIe siècle, "Gloria Dei homo vivens" (la gloire de Dieu c’est l’homme vivant) mais ayant alors d’autres chats à fouetter, on ne l’avait pas entendu.


L’exégèse, portée par un courant de renouvellement qui soufflait partout, remit les pendules de l’Écriture sainte à l’heure de ses origines. Non des paroles sacrées intouchables, mais la Parole, présence du Verbe dans l’histoire changeante des hommes, non des vérités inscrites dans des récits paraboliques mais la Vérité qui se conjugue avec les vérités des hommes, avec leurs valeurs et leurs espoirs. Ainsi on n’a plus à exécuter des entourloupettes pour expliquer les « erreurs » de la Bible ou en extraire la signification profonde comme on le ferait d’un texte sibyllin.

Les conséquences de cet angle de lecture sont importantes pour la juste compréhension du message révélé et pour développer une relation au divin qui soit significative et marquée d’amour et de liberté.


Une Église signe

Dans les années 58-60 l’Église était encore la « Mater et Magistra » à la structure toute empourprée et régie par le supplément au droit romain qu’on a appelé « Droit canon ».

Les cours d’Histoire de l’Église et de la dogmatique furent aussi pour moi évocateurs quant au rôle de l’Église et de ses rites dans le parachèvement du Royaume de Dieu sur la terre des hommes.

On avait bien appris que « le sacrement était un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous donner la grâce » (5) mais le mot « signe » avait été brouillé par un certain besoin de formules magiques qui donnaient la grâce et le ciel « ex opere operato» (6) et qui les redonnaient si on les avait perdus.

La portée du mot « signe » s’appliquera aussi aux « miracles » opérés par Jésus qu’on est invité à interpréter non comme des « dérogations aux lois de la nature » mais comme des balises, des signes, qui indiquent la présence de Dieu et de son action salvatrice à l’un ou l’autre des temps importants de la condition humaine (naissance, mariage, ordination, rassemblement, faiblesses, maladies et mort).

L’Église, qu’on a appelée le sacrement (signe) de la rencontre de Dieu (Schillebeeckx), y trouve aussi le fondement de sa mission qui est de révéler la présence salvatrice de Jésus dans l’histoire des hommes. Ce qui commande à l’Église de savoir parler la langue des hommes et celle de leurs valeurs à chaque période de leur histoire. Ce qu’Elle fit avec forces et faiblesses de l’invasion des Barbares jusqu’à la cession de ses pouvoirs sur les états pontificaux et aussi dans ce gigantesque effort d’aggiornamento que fut le concile Vatican II.

Et voilà comment on récupère l’histoire. Si contradictoire que cela puisse nous apparaître, pour annoncer efficacement l’Évangile, la croix dut être accompagnée de l’épée. Une Église secte n’aurait pas pu civiliser les Barbares ni porter la Bonne Nouvelle à tous les confins de la terre. D’instinct, la foi au Christ a pris les moyens appropriés pour l’annoncer dans le temps et dans l’espace tout en respectant le rythme des cheminements de chacun et les couleurs de chaque civilisation, prenant le risque des ambiguïtés que l’on connaît.

Éclairante aussi la distinction entre l’Église "communion de vie", éternelle et présente dans tous les rassemblements humains et l’Église « moyen de salut » aléatoire, temporelle et variable comme peut l’être un échafaudage qui sert à la construction d’un édifice.

Ces données seront brillamment reprises par le Concile Vatican II.

Sous cet éclairage, le dicton « Hors de l’Église point de salut », qui faisait scandale à notre époque, s’enrichit et prend un tout autre sens si on le couple avec la certitude que le salut est «déjà» accompli en Jésus-Christ. Ainsi, l’universalité du salut déjà accompli rejoint tous les groupes, toutes les églises, toutes les confessions, tous les hommes de bonne volonté qui poursuivent leur quête de sens sur leur terre humaine. L’Église c’est le « Christ répandu » à la grandeur de l’univers. Il n’y a personne à exclure. De quoi ouvrir ses méninges à la dimension de l’univers et de l’éternité.

Ce que Jesus Magister m’a donné, c’est une mise en forme et en cohérence des notions partielles et partiales que j’avais accumulées depuis mon âge de raison; il m’a muni de clés passe-partout d’interprétation qui ont amorcé une conversion de la pensée que Vatican II viendra compléter admirablement.
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(1) Radio Canada fit en 2009, cinquante ans après l’annonce de la tenue du Concile Vatican II une importante rétrospective, de l’ouverture et des actes du concile. Pour y accéder cliquez ici
Citation
(2) On lira avec intérêt de mes ex-confrères de Jesus Magister le bilan qu’ils ont dressé de leurs années d’études à Rome.

JESUS MAGISTER»UNE ÉTAPE PLEINE DE RESSOURCES POUR LES DÉFIS À VENIR
de Jean-Claude Éthier S, C,

et QUE M’A APPORTÉ JESUS MAGISTER ? de Lionel Pelchat;

WHAT JESUS MAGISTER BROUGHT TO ME by Marcel Rivière S. C.

JESUS MAGISTER: Une ouverture considérable, indélébile par Laurent Normandin S. C.

(3) Les supérieurs majeurs de sept congrégations de frères décidèrent en 1970 la fermeture de l’Institut Jesus Magister. Les conditions des communautés étaient devenues très différentes de celles qui avaient présidé à sa création. Il y avait insuffisance d’étudiants pour rentabiliser l’institution. L’Institut aura duré 12 ans.

(4) - Le populaire roman de Dan Brown « Da Vinci code 2005 » a popularisé et comme prolongé à notre époque la tentation gnostique qui a affecté les débuts du christianisme. Le pasteur, Tom Harpur dans son livre « Le Christ Païen » (Boréal 2005) montre l’influence que les gnostiques ont exercé au sein des premières communautés chrétiennes et jusque dans la formulation de certains passages des livres du Nouveau Testament et des Évangiles.

5- Petit catéchisme du Québec no 150.

6- Ex opere operato (littéralement : « l’œuvre suit l’action") L’expression a été utilisée pour affirmer la présence réelle dans l’Eucharistie ou la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence etc. quelles que soient les intentions de l’officiant. Si le rite est respecté, il produit automatiquement son effet.
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Prochaine parution : # 26 - L'illumination