samedi 9 octobre 2010

25- Mise à jour et bilan


On n'est jamais jugé sur un bilan,
mais toujours sur sa capacité à se projeter dans l'avenir

Philippe Douste-Blazy

Un complexe à liquider

Nous sommes au mois de novembre. Il pleut souvent et abondamment en novembre à Rome. Je revenais du Marianum. Je m’y étais inscrit à une série de cours en Mariologie. Je revenais à pied lorsque, vers 19h30, les cordes (au Québec il pleut plutôt des clous, ici ce sont des cordes) m’ont littéralement barré la route.

Je vous l’ai déjà laissé entendre, j’ai longtemps connu une espèce de complexe à l’endroit de la Sainte Vierge Marie.

Un complexe de jalousie du même type que celui qui m’avait habité au Juvénat, en dixième année, puis au Noviciat. Frère Florentien était trop populaire à mon goût; ainsi en était-il de la Vierge Marie. On lui rendait trop d’hommages, on exagérait son rôle dans l’économie du salut, on la considérait comme toute-puissante, plus même que son fils Jésus. Cette attitude m’irritait les pensées et les dévotions comme une urticaire que l’on gratte mais qui revient toujours nous hanter l’épiderme.

Mon séjour à Rome serait aussi à ce sujet le temps d’une profonde mise à jour de mes sentiments et de mes dévotions. L’Istituto Universitario Marianum dirigé par les Marianistes en serait l’occasion. Cet institut, situé près de Mascherone, offrait une brochette de cours en mariologie. Ces cours se donnaient en soirée, c’est-à-dire selon l’horaire romain, de 16h00 à 19h00.

Espérant régler mon complexe et aussi faire d’une pierre deux coups en perfectionnant mon italien, je m’y inscrivis dès ma première année à Rome.

Je n’y fis pas de grandes trouvailles. Sous le titre de mariologie, on donnait des cours de théologie traditionnelle avec une couleur de spiritualité mariale. Rien pour dissoudre un gros complexe comme celui qui m’accablait depuis plusieurs années.

Médecin, guéris-toi toi-même. Mon remède ce sera mon mémoire de licence à Jesus Magister. Je l’avais mijoté dès la fin de ma première année : la place et le rôle de Marie dans l’économie du salut. Je définirais moi-même cette place et ce rôle comme un metteur en scène le fait pour ses acteurs. Prétentieux? Peut-être, mais rien de bien extraordinaire. Plusieurs avant moi, sans compétence aucune, ont donné à Marie des pouvoirs qui correspondaient plus à leurs besoins qu’à leur compétence.

Ma thèse, un titre pompeux : LA CORÉDEMPTION DE MARIE DANS LA VOCATION HUMAINE À L’ORDRE DU SALUT.
Je n’ai pas inventé le titre de Marie Co-Rédemptrice. Il existait depuis le XVe siècle. Sans trop savoir ce qu'il couvrait, je lui ai fait dire, à l’aide de quelques textes scripturaires, ce que je voulais. Je déplorais que Marie fût, dans certaines spiritualités, associée à l’image de la reine-mère gérante des affaires de Dieu. Ce qui la plaçait dans une catégorie à part, ce qui activait mon urticaire.

Il m’a semblé que le rôle de Marie dans l’économie du salut devait être celui de tout être humain de bonne volonté, celui de l’accueil de Dieu si bien signifié par son « fiat mihi secundum verbum tuum».

Au lieu d’être la seconde après Jésus, souvent même avant le Saint-Esprit, Marie devait être la première de l’humanité. Un beau modèle pour les féministes les plus raisonnables. La première des hommes, plus emblème et guide de l’humanité dans l’accueil de Dieu que Reine-mère, comblée de privilèges pour son rôle de berçeuse de l’Enfant-Dieu et de dispensatrice de ses dons.

Je développai cette thèse en 86 pages, réparties en une quinzaine de chapitres et trois grandes divisions.

Je ne sais pas quel théologien j’aurais convaincu avec cette thèse.

Je soupçonne même que personne ne l’a lue en entier, pas même le correcteur chargé de l’évaluer.

Ce mémoire produisit chez moi l’effet cherché, il m’a guéri de ma jalousie chronique. Marie redevenait des nôtres. Une femme qui définit dans son être et dans sa vie la juste attitude humaine devant le divin.

Le concile Vatican II ne reconnut pas à Marie le titre de Co-Rédemptrice. Ce titre demeure encore trop ambigu ont expliqué quelques « pères » du concile Vatican II. Pour moi, Marie est co-rédemptrice de plein droit mais dans le sens que j’ai défini. C’est ainsi que j’aime bien la voir revêtue. Amen

Dans un monde en mutation

Pendant que nous nous esquintions à décortiquer et à ingurgiter cette somme de courants et de formulations théologiques accumulées pendant des siècles, le monde et l’Église comme en défi procédaient à de profondes mutations.

Le 25 janvier 1959 le concile Vatican II


Alors que les cours viennent tout juste de reprendre, après la deuxième semaine de l’unité des chrétiens, le pape Jean XXIII annonce la tenue du concile qui aura pour tâche de promouvoir le développement de la foi catholique, d’assurer le renouveau moral de la vie chrétienne et d’adapter l'Église aux besoins du temps présent. Le pape qu’on dit être « de transition » surprend tout le monde.

À la Curie et à l’Université c’est comme si on avait donné un coup de pied à la fourmilière : théologiens, professeurs, étudiants, journalistes, en catimini comme à grandes manchettes, s’affolent et s’activent en commentaires et en commissions à la préparation de ce fameux concile.

Il fallait que le souffle de l’Esprit fût vraiment puissant pour coordonner toutes ces énergies disparates et souvent contradictoires vers une réforme en profondeur de la vie de l’Église, de sa présence et de son action dans le monde.(1)

Le 7 septembre 1959 - Mort de Duplessis

La nouvelle crée la consternation au sein de notre petite communauté d’étudiants québécois vivant à Rome. L’événement est largement commenté. Paul Sauvé et son célèbre « désormais » nourrit tous les espoirs pour un Québec renouvelé. Cette effervescence sera doublée lors de l’annonce en janvier du décès de ce dernier, de la venue du gouvernement Lesage et de son « équipe du tonnerre » qui lancera la « Révolution tranquille. » Ici (à Rome) on est POUR, pour tout ce qui est nouveau !

Le 8 novembre 1960 - Életion de Kennedy

Pour la première fois dans l’histoire, l’élection du président des USA avait été précédée de débats télévisés qui mettaient en face en face à la grandeur du monde les deux
candidats à la présidence: Richard Nixon et John F. Kennedy.


Ces débats et les commentaires qui les accompagnaient furent suivis à Rome avec une attention quasi religieuse presque aussi intense que celle qui préside aujourd’hui à la diffusion du Mondial en Afrique du Sud. C’est pendant cette campagne que Kennedy prononce le fameux discours qui annonce une Nouvelle Frontière, celle qui donne le coup d’envoi au programme lunaire américain. « Notre nation doit s’engager à faire atterrir l’homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie.»
Une ère toute nouvelle s’amorce bellement dans le monde. Tant dans le monde que dans l’Église, péniblement avec ses avancées et ses reculs, l’avenir prend le pas sur le passé, les projets sur la tradition, les avant-gardistes sur les traditionnalistes sur l’échiquier mondial de 1961.

Le 13 août 1961 - Le mur de Berlin

Les désertions d’Allemands de l’Est vers l’Allemagne de l’Ouest étaient considérées à l’Ouest comme la preuve d’une supériorité du régime capitaliste sur le régime communiste. On les applaudissait. On a mal compris alors la non-intervention de Kennedy lors de l’érection du Mur de Berlin et de son extension sur 155 km de frontières, bien que cet acte fût contraire à l'accord entre les quatre grandes puissances, Kennedy ne l'empêche pas. Ce sera un lourd boulet au pied des rêves de sociétés unifiées dans un monde nouveau.

Pendant cette période, le Général de Gaulle en France, fonde la Ve République et reconnaît l’indépendance de l’Algérie. Sous la poussée de Patrice Lumumba, l’Afrique colonisée devient, à la suite du Congo, une mosaïque de pays en gestation. En trois ans, nous assistons à une succession en cascades de modifications politiques, économiques et sociales qui généreront un monde (occidental) tout nouveau. Un défi de taille pour la présence de l’Église dans ce monde et pour sa mission d’y annoncer la Bonne Nouvelle de la Révélation.

Pour moi, toute cette transformation extérieure sera accompagnée d’une importante mutation intérieure dont je ferai état au prochain chapitre.

Un bilan de la formation reçue à Jesus Magister

Lors d’une rencontre de trois ex-jesusmagistériens, (Frère Jean-Claude Éthier, alias frère Raymond, Lionel Pelchat, alias frère Jean-Pierre et moi-même) nous nous sommes posé la question : Que m’a apporté Jesus Magister ? Chacun devra donner sa réponse personnelle par écrit.


Un clic donne accès au bilan des autres ex-JM. (2)

Voici le mien.

Comme le dit Mc Luhan, le médium c’est le message. En l’occurrence le medium c’est Rome, c’est la fraternité de Mascherone et aussi l’Université du Latran. Les faiblesses liées au programme et au contenu des cours ont été largement compensées par la richesse du médium qui m’a plongé en immersion totale dans une eau purificatrice de mes scories, libératrice de mes des tabous intellectuels concernant la Révélation et qui m’a régénéré dans un univers de concepts théologiques fort riches.

Nous étions un groupe cobayes pour un vin nouveau qui n’avait pas été suffisamment décanté dans l’esprit des professeurs du Latran. Le programme n’avait pas subi l’épreuve du temps On y a mis beaucoup de choses inutiles ou non appropriées. L’Université du Latran était fort bien équipée dans les facultés de droit canon et de théologie, mais en catéchèse, c’était plutôt faible. Et répondre à des attentes culturelles en une période de profondes transformations, c’est un défi fort difficile à relever.


Pour tout étudiant critique, et quel étudiant ne l’est pas ?, la brochette des professeurs chargés de cours à l’Institut, au barème des souvenirs qu’on en garde, s’échelonnait de médiocre à excellent. Une courbe normale. Les professeurs déjà mentionnés au chapitre précédent, gardaient la plus haute cote d’écoute. Mes confrères accordent aussi une bonne cote d’appréciation à Mgr Piolanti, à Mgr Pietro Pavan et au professeur de droit Angeli.


Certains par ailleurs, au bas de l’échelle considéraient la théologie (Frère Marie) comme un cours de spiritualité pour jeunes novices, d’autres, (Frère Griéger ) y greffaient les sujets de leur dada qui n’avaient rien à voir avec la théologie. À certains cours très livresques on pouvait appliquer cette ironique définition des cours comme étant « le procédé par lequel les notes passent du cahier du professeur au cahier de l’étudiant sans passer par la tête d’aucun ». Pour d’autres, un jugement plutôt sévère envers les « pelleteux de nuages » ou pour qui « s’écoute parler ».


Plusieurs de ces raisons expliquent qu’on ait dû fermer l’Institut après à peine douze ans d’existence. (3)


Si je sonde mes entrailles et me demande ce qu’il m’a donné, la réponse est fort différente.


En moi, le résultat de cette partie d’échecs qui opposait les anciens aux modernes fut au net avantage des modernes.

Intellectuellement Jesus Magister m’a enrichi. Il m’a introduit dans plusieurs ateliers de réflexion théologique.


La théologie servante de la révélation

Voir ce que l’esprit humain, qui enfourche de frêles petites ondes, peut tirer en connaissances de l’univers, de son histoire et d’astres situées à des milliards d’années lumière de nous, c’est émerveillant et époustouflant.

Le donné révélé, fondement de la foi chrétienne, est aussi un univers répandu à travers le temps et l’espace en des milliards de petites étoiles qui signent, souvent à faible intensité et au milieu d’un vacarme de parasites, la discrète présence de Dieu et son dessein de faire alliance avec l’homme.

Fouiller cet univers, découvrir le sens de ces histoires souvent disparates, tout traduire en concepts qui se tiennent, qui forment un tout intelligible et cohérent c’est une œuvre gigantesque comparable à toutes celles que le génie humain a montées dans des domaines aussi différents et aussi variés que la physique nucléaire, l’astronomie et la mathématique.

Cette œuvre dont je ne connaissais que des brindilles éparses, celles du petit catéchisme ou de la nomenclature des dogmes, je l’ai entrevue dans son ensemble. Je sors de ce bain émerveillé par la vision de la doctrine chrétienne, par sa cohérence et par l’éclairage qu’elle apporte à l’intelligence humaine du milieu divin révélé.

Je suis émerveillé aussi par les génies humains, de saint Paul aux Pères des conciles et du concile Vatican II en passant par saint Augustin et par le Docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, qui l’ont réalisée.

J’ai aussi mieux compris la fonction de la théologie dans le maintien et la promotion de la foi. Sans les longues palabres byzantines entremêlées des plus vils intérêts qui ont fourni la matière brute des dogmes conciliaires, il y aurait eu un gros risque que cette merveilleuse expérience de Dieu s’effrite dans le décor ou ne sombre dans la plus avilissante des superstitions si elle n’avait pas été coulée dans une structure rigide, celle des dogmes de la sainte Église. S’effriter dans le décor, au temps de la primitive Église cela voulait dire donner dans la gnose omniprésente dans les premières communautés chrétienne et dont l’influence sur l’interprétation du mystère chrétien se prolongera jusqu’à nos jours.

Jésus aurait-il pu survivre dans l’atmosphère gnostique ? Peut-être, mais il n’aurait pas vécu comme Jésus de Nazareth, plus probablement comme le Verbe, éon de lumière, dernier échelon de la parcelle de divin prisonnier dans la pâte humaine. Rien de nouveau, un Horus égyptien ou un Mithra romain.

Notre foi est fondée sur le Jésus de l’histoire incarné et ayant vécu en un temps « x » sur notre terre, non un avatar d’Horus ou de Mithra.(4)

L’historicité de Jésus et du salut a été affirmée et professée à toutes les époques des conciles, appuyés sur une solide théologie qui en a expliqué les articulations et les conséquences. Un Jésus ontologique, on l’a vu dans les élaborations postérieures des gnostiques, ne pouvait qu’établir une hiérarchie d’êtres en voie d’assomption vers le divin. Rien comme le côte-à-côte de l’homme avec Dieu, rien pour susciter la communion de vie des premières communautés chrétiennes, l’alliance de tout homme de bonne volonté devant les grandes causes, rien pour la démocratie, ou la fraternité universelle.

Bref, pour passer les siècles, l’intelligence de la foi avait besoin de se codifier en une structure rigide, celle des dogmes, qui ont balisé la voie de la continuité et de la vérité dans la compréhension du mystère du salut et dans son expression à travers les rites chrétiens.

Inspiration et interprétation en Écriture sainte

Jeune, je l’ai dit, j’étais fasciné par le caractère sacré des Saintes Écritures. Les tranches qu’on nous servait dans la liturgie avaient le caractère et la réputation de paroles magiques, sacrées, soufflées par l’Esprit dans l’oreille de l’écrivain sacré. La Bible était inspirée directement par Dieu. Il n’y avait rien à chercher d’autre.

Ma découverte de la Bible fut toute autre. La Bible soumise à la discipline de l’exégèse apportait non seulement une signification enrichie et plus juste des textes sacrés dans leur diversité mais contribua aussi à une meilleure intelligence de la Révélation prise dans son ensemble.

Alors Dieu ne dicte plus le mot à mot des textes sacrés mais il est présent à tous les événements qui forment la trame de l’histoire de ce peuple, non un Dieu-belle-mère intervenant à tout propos dans les affaires des humaines, mais un Dieu présent, offrant à tous les bienfaits de son alliance.

Après Jesus Magister, le courant de la relation à Dieu n’allait pas de l’homme à Dieu dans un effort de perfectionnement et de spiritualisation mais de Dieu au service de l’homme même pécheur dans le sens de la plus authentique incarnation.

Saint Irénée l’avait dit au IIe siècle, "Gloria Dei homo vivens" (la gloire de Dieu c’est l’homme vivant) mais ayant alors d’autres chats à fouetter, on ne l’avait pas entendu.


L’exégèse, portée par un courant de renouvellement qui soufflait partout, remit les pendules de l’Écriture sainte à l’heure de ses origines. Non des paroles sacrées intouchables, mais la Parole, présence du Verbe dans l’histoire changeante des hommes, non des vérités inscrites dans des récits paraboliques mais la Vérité qui se conjugue avec les vérités des hommes, avec leurs valeurs et leurs espoirs. Ainsi on n’a plus à exécuter des entourloupettes pour expliquer les « erreurs » de la Bible ou en extraire la signification profonde comme on le ferait d’un texte sibyllin.

Les conséquences de cet angle de lecture sont importantes pour la juste compréhension du message révélé et pour développer une relation au divin qui soit significative et marquée d’amour et de liberté.


Une Église signe

Dans les années 58-60 l’Église était encore la « Mater et Magistra » à la structure toute empourprée et régie par le supplément au droit romain qu’on a appelé « Droit canon ».

Les cours d’Histoire de l’Église et de la dogmatique furent aussi pour moi évocateurs quant au rôle de l’Église et de ses rites dans le parachèvement du Royaume de Dieu sur la terre des hommes.

On avait bien appris que « le sacrement était un signe sensible institué par Jésus-Christ pour nous donner la grâce » (5) mais le mot « signe » avait été brouillé par un certain besoin de formules magiques qui donnaient la grâce et le ciel « ex opere operato» (6) et qui les redonnaient si on les avait perdus.

La portée du mot « signe » s’appliquera aussi aux « miracles » opérés par Jésus qu’on est invité à interpréter non comme des « dérogations aux lois de la nature » mais comme des balises, des signes, qui indiquent la présence de Dieu et de son action salvatrice à l’un ou l’autre des temps importants de la condition humaine (naissance, mariage, ordination, rassemblement, faiblesses, maladies et mort).

L’Église, qu’on a appelée le sacrement (signe) de la rencontre de Dieu (Schillebeeckx), y trouve aussi le fondement de sa mission qui est de révéler la présence salvatrice de Jésus dans l’histoire des hommes. Ce qui commande à l’Église de savoir parler la langue des hommes et celle de leurs valeurs à chaque période de leur histoire. Ce qu’Elle fit avec forces et faiblesses de l’invasion des Barbares jusqu’à la cession de ses pouvoirs sur les états pontificaux et aussi dans ce gigantesque effort d’aggiornamento que fut le concile Vatican II.

Et voilà comment on récupère l’histoire. Si contradictoire que cela puisse nous apparaître, pour annoncer efficacement l’Évangile, la croix dut être accompagnée de l’épée. Une Église secte n’aurait pas pu civiliser les Barbares ni porter la Bonne Nouvelle à tous les confins de la terre. D’instinct, la foi au Christ a pris les moyens appropriés pour l’annoncer dans le temps et dans l’espace tout en respectant le rythme des cheminements de chacun et les couleurs de chaque civilisation, prenant le risque des ambiguïtés que l’on connaît.

Éclairante aussi la distinction entre l’Église "communion de vie", éternelle et présente dans tous les rassemblements humains et l’Église « moyen de salut » aléatoire, temporelle et variable comme peut l’être un échafaudage qui sert à la construction d’un édifice.

Ces données seront brillamment reprises par le Concile Vatican II.

Sous cet éclairage, le dicton « Hors de l’Église point de salut », qui faisait scandale à notre époque, s’enrichit et prend un tout autre sens si on le couple avec la certitude que le salut est «déjà» accompli en Jésus-Christ. Ainsi, l’universalité du salut déjà accompli rejoint tous les groupes, toutes les églises, toutes les confessions, tous les hommes de bonne volonté qui poursuivent leur quête de sens sur leur terre humaine. L’Église c’est le « Christ répandu » à la grandeur de l’univers. Il n’y a personne à exclure. De quoi ouvrir ses méninges à la dimension de l’univers et de l’éternité.

Ce que Jesus Magister m’a donné, c’est une mise en forme et en cohérence des notions partielles et partiales que j’avais accumulées depuis mon âge de raison; il m’a muni de clés passe-partout d’interprétation qui ont amorcé une conversion de la pensée que Vatican II viendra compléter admirablement.
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(1) Radio Canada fit en 2009, cinquante ans après l’annonce de la tenue du Concile Vatican II une importante rétrospective, de l’ouverture et des actes du concile. Pour y accéder cliquez ici
Citation
(2) On lira avec intérêt de mes ex-confrères de Jesus Magister le bilan qu’ils ont dressé de leurs années d’études à Rome.

JESUS MAGISTER»UNE ÉTAPE PLEINE DE RESSOURCES POUR LES DÉFIS À VENIR
de Jean-Claude Éthier S, C,

et QUE M’A APPORTÉ JESUS MAGISTER ? de Lionel Pelchat;

WHAT JESUS MAGISTER BROUGHT TO ME by Marcel Rivière S. C.

JESUS MAGISTER: Une ouverture considérable, indélébile par Laurent Normandin S. C.

(3) Les supérieurs majeurs de sept congrégations de frères décidèrent en 1970 la fermeture de l’Institut Jesus Magister. Les conditions des communautés étaient devenues très différentes de celles qui avaient présidé à sa création. Il y avait insuffisance d’étudiants pour rentabiliser l’institution. L’Institut aura duré 12 ans.

(4) - Le populaire roman de Dan Brown « Da Vinci code 2005 » a popularisé et comme prolongé à notre époque la tentation gnostique qui a affecté les débuts du christianisme. Le pasteur, Tom Harpur dans son livre « Le Christ Païen » (Boréal 2005) montre l’influence que les gnostiques ont exercé au sein des premières communautés chrétiennes et jusque dans la formulation de certains passages des livres du Nouveau Testament et des Évangiles.

5- Petit catéchisme du Québec no 150.

6- Ex opere operato (littéralement : « l’œuvre suit l’action") L’expression a été utilisée pour affirmer la présence réelle dans l’Eucharistie ou la rémission des péchés dans le sacrement de pénitence etc. quelles que soient les intentions de l’officiant. Si le rite est respecté, il produit automatiquement son effet.
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Prochaine parution : # 26 - L'illumination

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