samedi 16 juillet 2011

43- Épilogue - Mes 28 ans de vie religieuse




Le cœur préfère rester concentré
Sur son sentiment qu’il réchauffe et protège –
Son bonheur est méditatif
Silencieux, il s’écoute palpiter,
Il se déguste religieusement lui-même
Citations de Henry Frédéric Amiel

La vie religieuse et le divin
De tout temps, l’au-delà a fasciné l’humain. De tout temps, l’homme a cherché et modulé ses formes de relation avec le divin. De tout temps, des humains ont consacré leur vie au divin. Qu’on les ait appelés sorciers, prêtres, gourous, moines ou religieux, ils ont été pour leurs concitoyens à la fois les spécialistes et les témoins privilégiés du divin.

Comme spécialistes (prêtres, sorciers, chamans …) ils ont expliqué, coordonné et organisé la présence et la fonction du divin (sacré) dans l’existence humaine. Dans l’Église chrétienne, ce sont les clercs qui ont fonction sacerdotale, celle de « faire sacré » de consacrer les gens et le monde à Dieu.

Les témoins du divin, de sa transcendance et de son immanence, ont développé différents modèles de vie consacrée ou reliée au divin. Ils incarnent dans leur chair et dans leur trame de vie ce qu’ils croient être dans l’au-delà de tous les champs de prospection humaine. Qu’ils aient été moines, ermites, anachorètes ou cénobites, qu’ils aient formé des ordres de contemplatifs, de mendiants ou de prêcheurs, un double commun dénominateur les réunit : la séparation du monde et la consécration de leur vie au divin.

À la fin du Ve siècle, saint Benoît a défini les bases de la vie religieuse (vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance) et l’a encadrée par une règle de vie qui a inspiré les Règles et Constitutions de la plupart des communautés et des ordres religieux. L’élan prophétique et mystique qui inspirait la vie consacrée fut comme cloîtré dans une institution. On entrait en religion.

Dans la religion chrétienne, les premières communautés religieuses ont formé des enclaves ou des mini-royaumes de Dieu dans le monde des hommes. Elles étaient pour les hommes de ce temps, des prototypes de vie céleste, fin et terme de toute vie humaine.

Au cours des âges, pour répondre à des besoins spécifiques, de nouveaux ordres religieux ont ajouté la fonction cléricale à leur état de vie. Ce furent les ordres prêcheurs et mendiants. (Dominicains, Franciscains, Cisterciens…) Au XVe siècle, la Compagnie de Jésus (Jésuites), fondée par saint Ignace de Loyola, s’est mise au service personnel du pape. Elle fut de ce fait fort impliquée dans les affaires des hommes.

Aux XVIIIe et XIXe siècles, plusieurs associations caritatives d’hommes et de femmes ont vu le jour. Elles se sont donné pour mission de porter aide et secours à cette nouvelle classe sociale d’ouvriers entassés dans les banlieues des cités industrielles.
En vue de rendre ces regroupements bénévoles plus efficaces, et faute de mieux, pourrait-on dire, l’Église a conféré le statut de religieuses et de religieux à leurs membres et elle a désigné ces nouvelles communautés caritatives sous le nom de « congrégations religieuses laïques ». Ce sont les sœurs et les frères que l’on connaît. Ils sont laïcs et non clercs. Ils s’adonnent concrètement aux œuvres d’éducation des enfants et de soins de santé. C’est leur raison d’être principale.

Ils œuvrent dans le monde mais vivent en Église selon les normes de vie religieuse traditionnelle définies pour des extra-terrestres, les « sortis » du monde terrestre. Selon une expression populaire, ils sont dans le monde mais pas du monde.

Comme l’escargot traîne sa coquille en descendant dans la plaine, la vie religieuse a amené avec elle sa demeure, son cloître: costume, heures de prières, vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, obligation de la vie commune.

D’origine française pour la plupart, ces congrégations religieuses ont fondé au Québec et partout à travers le monde d’importantes institutions d’enseignement, de soins de santé et de services sociaux.

C’est dans cette forme de vie religieuse, que l’on pourrait qualifier d’ « hybride », que j’ai vécu comme frère du Sacré-Cœur, dans l’institut fondé par le Père André Coindre, en France, en 1821. J’y ai passé de très belles années.

Sur la terre comme au ciel

Comment vivait-on la vie religieuse chez les Frères du Sacré-Cœur à cette époque ? Ces vingt-huit ans se partagent en deux périodes assez différentes. De 1943 à 1960, j’ai vécu le régime d’une vie religieuse traditionnelle, selon des patterns établis depuis longtemps. Les onze dernières années furent marquées par de profondes transformations de notre milieu de travail et à l’intérieur de la communauté par une recherche de sens sans précédent.

Souvenirs de vie religieuse traditionnelle
Un temps minutieusement découpé

Les Frères se lèvent tôt. Ils font deux heures et trente d’oraison ou d’exercices de piété par jour. Ils portent toujours la soutane, oui, toujours, aussi bien pour l’enseignement, la pratique des sports, les loisirs, les sorties et le travail manuel.

Après l’oraison du matin, la messe, le déjeuner souvent pris en silence, ils se rendent à l’école qui la plupart du temps jouxte leur résidence. Jusqu’à midi, ils seront sur la brèche: préparation de la classe au tableau noir, correction des devoirs, enseignement, surveillance des allées et venues et des récréations.

Ils ont à peine une heure pour dîner. Ils se font un devoir d’animer les jeux dans la cour de récréation. Une petite heure libre de seize heures à dix-sept heures, la plupart du temps occupée à la préparation de la classe du lendemain ou à des activités parascolaires avec les enfants de chœur, la chorale, l’animation d’équipes sportives, de clubs de toutes espèces.

À dix-sept heures, ils reprennent le collier de la vie spirituelle et communautaire jusqu’à l’heure du coucher fixé à vingt et une heures. Tout se fait et se vit ensemble, en communauté. Chaque activité a son moment prédéterminé et à moins d’une circonstance spéciale autorisée par le supérieur, elle commande une présence et une participation sans contestation.

Le cadre de la fin de semaine est un peu plus lâche mais tous les moments ont leurs tâches propres et toute activité, que ce soit de loisir, de prière ou d’étude s’accomplit en commun : la prière, la participation aux offices dominicaux, les sorties et même, le samedi matin, le grand ménage du «cloître».

L’école fait partie du cloître. Tous les postes d’enseignement, sont occupés par les frères, sauf l’enseignement aux tout-petits souvent confié à des institutrices. La tâche du frère enseignant est aussi minutieusement découpée par la tradition. On y prévoit le temps et le moment de chacune des matières : le catéchisme en entrant, suivi de la dictée et du français, puis, l’arithmétique, l’histoire et la géographie, l’après-midi, qui se termine par la prise en note des devoirs et des leçons à faire et à apprendre pour le lendemain. La semaine se termine par la leçon de dessin.

Les grandes vacances sont découpées par six jours de retraite en silence, minutieusement partagés en séquences bien minutées par les exercices de piété réguliers, les repas, toujours en silence, trois ou quatre prédications par jour, la conférence du supérieur provincial et les entrevues avec le prédicateur, le confesseur et le supérieur provincial. Puis, du début de juillet à la mi-août, les frères vont se consacrer aux études, selon un programme personnel et communautaire bien encadré.

On réussissait même à rogner le temps des fêtes par deux jours de récollection ou de rencontres inter-communautaires.

Ce temps fractionné au laser caractérise la vie religieuse traditionnelle. Cette pratique vient du minutieux découpage de la journée du moine en temps de prières dont le bréviaire a gardé les principales articulations : Matines, Laudes, etc., découpage qui a été lui-même copié du Livre des morts égyptien.

Bien que je n’aie jamais été un maniaque de la ponctualité, ce découpage ne m’a jamais irrité l’épiderme. La routine est une huile lénifiante qui adoucit bien des angles. Se laisser porter dans la vie comme un enfant, évite beaucoup de contraintes et de frustrations.

Il y avait aussi dans ce système de vie religieuse traditionnelle beaucoup d’échappatoires qui ont évité que cette moulange à temps (1) transforme les religieux en robots comme notre époque sait en fabriquer aussi bien dans les usines de production massive que dans les officines pour cols bleus ou blancs.

Un esprit de famille pétillant, une souplesse de bon aloi de la part des supérieurs et un sens de l’humour de pince-sans-rire sauvaient les meubles, et même faisaient fleurir cette chaîne de montage du temps d’insolites bourgeons, de joies rayonnantes et d’histoires décapantes.

La spiritualité

La spiritualité qui inspirait cette vie religieuse traditionnelle tenait en deux mots catalyseurs : sacrifice et devoir.

Le sacrifice de sa vie

La structure de ce régime et ses applications les plus ténues tenaient leur justification dans l’intention de rendre effectifs la renonciation au monde et à ses plaisirs et le sacrifice de sa vie à l’imitation de Jésus-Christ mort sur la croix pour le rachat des hommes,

Cette spiritualité du sacrifice, quoique largement publicisée, n’a jamais à ma connaissance fait mourir, même à petit feu, aucun des frères que j’ai connus. Elle a sûrement inspiré quelques actes de « mortification » personnelle un peu exceptionnels, mais ce n’était pas ce courant spirituel qui galvanisait les troupes ou qui activait le tableau de bord des commandes journalières.

La spiritualité du sacrifice justifiait tout au plus la valeur de la vie religieuse et ses engagements fondamentaux, Pourquoi faisait-on le vœu de pauvreté ? … pour imiter Jésus pauvre par la renonciation aux biens de ce monde, etc.

Loin d’avoir été une privation, ma vie religieuse vécue selon les normes traditionnelles m’a apporté de profondes satisfactions.

Ainsi, je me suis promené longtemps sans aucun sou dans les poches et j’ai dû, chaque fois que je le jugeais important, demander la propriété ou l’usage d’un bien qui m’était nécessaire. Ces pratiques m’ont davantage libéré qu’opprimé.

Quand les consignes sont clairement définies, il est plus facile de demander une permission que d’avoir à juger de la pertinence de l’autorisation demandée.

De même, la renonciation aux plaisirs de la chair et au mariage était compensée par un chaleureux milieu de vie marqué par de nombreux témoignages d’appréciation et d’affection.

La spiritualité du devoir

Les vœux prononcés, cette spiritualité du sacrifice était comme mise entre parenthèses au profit de la spiritualité du devoir à accomplir, celle de la stricte observance des moindres dispositions de la règle de vie ou des directives données par les supérieurs, par fidélité à des engagements pris en bonne connaissance de cause.

On nous disait couramment : « Si le supérieur peut se tromper en commandant, l’inférieur ne se trompe jamais en obéissant. »

Que c’est agréable pour tout être humain de prolonger son enfance le plus longtemps possible, d’éloigner toujours le moment ou il devra rendre des comptes, et se reconnaître responsable des résultats obtenus. Un chemin tout tracé à l’avance et avec le sentiment que c’est le meilleur qui soit, voilà une autre grande source de libération personnelle.

Comme la mission apostolique des frères reposait principalement sur l’institution, le vœu d’obéissance des sujets donnait à l’institution le moyen de la plus grande efficacité possible.

Les obédiences reçues devant tous les frères à chaque année le 15 août ne m’ont jamais été contraignantes. Elles m’ont plutôt dit la confiance de mes supérieurs. Elles précisaient la portion de la mission apostolique qui, pour l’année en vue, m’était assignée, ainsi que le terrain d’accomplissement de mes devoirs de religieux.

Bref, la spiritualité qui alimentait ce régime de vie était simple et efficace. Elle a assuré l’uniformité des comportements et favorisé l’inlassable quête du meilleur.

Plusieurs ont dépassé cette spiritualité de la rigoureuse observance et sont parvenus à une authentique relation avec le divin personnifié en Jésus, fût-il à l’agonie du Vendredi saint, et parfois au rayonnement du dimanche de Pâques.

La vie commune, source et défi

Vivre avec dix, vingt ou cinquante moines, devoir tout faire ensemble sous un même toit sans s’écorcher ni « péter les plombs » c’est un perpétuel défi, toujours difficile à relever. Des jeunes ardents et bruyants, des vieux grincheux aux tics agaçants, des frères à l’ego débordant, d’autres taciturnes renfrognés sur leurs petits bobos, il y a de tout cela en permanence ou en puissance dans toute communauté.

Le Frère X qui traîne toujours de la savate quand il déambule dans les corridors, l’autre qui lape bruyamment chaque cuillerée de soupe, celui qui raconte inlassablement ses petits faits à manchettes et celui qui chiale pour des riens et pour tout, voilà une confirmation du sévère jugement de Sartre « L’enfer c’est les autres » .

Cependant, cet aspect de la vie commune dilué par la diversité des caractères et coulé dans un temps variable n’était pas aussi revêche qu’il en avait l’air.

La vie commune de ce temps avait aussi, comme toute médaille, un verso qui compensait largement les irritants d’une première approche. Elle a été surtout pour moi une source inaltérable de vitalité et de jovialité. La richesse de chacun, ses talents, ses exploits, son histoire, tout un bien commun, propriété du « nous » qui m’a toujours comblé de fierté.

Et, malgré quelques désagréments, on se paie tous les jours dans les salles communes un spectacle toujours renouvelé. Chacun a sa version des faits du jour, on en parle, on en discute, on en rit. Les taquineries, ce sel de l’amitié, fusent de partout et donnent du panache au moindre événement.

Et sentir la solidarité, solide et sans faille, partout et devant tout, quelle assurance ! J’ai une communauté derrière moi, un supérieur qui m’écoute avant de me juger, des confrères qui m’encouragent et qui savent se taire au lieu de me blâmer, qui se souviennent du jour de ma naissance, qui sont prompts à applaudir la moindre de mes réussites, qui savent par un bon mot ou une diversion discrète dissoudre un « motton » plus coriace qui ne passe pas la gorge de sa tolérance.

Quelle force permanente que la solidarité communautaire de frères qui vivent entre frères… Cette solidarité transforme la prière en incantation, le travail en coopération, la fête en explosion, la faiblesse en maillon du plus fort.

La  vie religieuse de l’ancien régime fut surtout marquée pour moi par les bienfaits de la vie commune qui doublait la joie de vivre et les raisons de persévérer. Le centuple promis.

Cette forme de vie religieuse a été pour moi pendant au moins dix-sept ans, bonne, facile et agréable à vivre.

Vie religieuse sous le vent des changements

Le monde occidental a connu à la deuxième moitié du XXe siècle une bascule sans précédent qui a modifié de fond en comble ses institutions, ses valeurs, ses manières de vivre et de penser son existence. On n’a pas à épiloguer longtemps pour comprendre que les communautés religieuses, surtout les congrégations qui avaient déjà un pied dans l’étrier de ce monde, aient été affectées par cette bascule.

Mes onze dernières années de vie en communauté furent surtout marquées par le renouvellement en profondeur de la vie religieuse et de la mission apostolique sur une terre nouvelle, inculte, en proie à de non moins profondes transformations.

On peut signaler quelques signes-facteurs de ces bouleversements comme : la télévision qui modifie la dynamique communautaire, l’abandon du costume religieux qui pose des interrogations sur son identité, le nombre croissant de laïcs au sein du personnel de nos écoles, l’extension au Québec de l’enseignement secondaire public, la généralisation et la diversification des études universitaires aux programmes de formation académique des frères, les remises en question initiées un peu partout par une modernité envahissante, etc.

Il faut cependant une espèce d’ultraviolet pour éclairer la source de ces changements au sein des communautés religieuses enseignantes ou hospitalières.

Je me limiterai à décrire ce dont j’ai été témoin et ce que j’ai vécu pendant cette période principalement en ce qui concerne la vie religieuse elle-même.

Nouvelle quête de sens et de compétence

Au plan pastoral, c’est-à-dire en ce qui concerne mission apostolique de l’Église, le souffle de Vatican II inversait les pôles. Sous cette poussée, l’évangélisation vise à amener Dieu au monde plutôt qu’à soumettre le monde à Dieu. Les valeurs de vie, de relation personnelle à Dieu et aux autres, de partage, de sens, sont privilégiées par rapport aux valeurs du sacrifice, du devoir, de la conformité aux règles établies et de la soumission à toute autorité qui caractérisaient l’ancien régime.

Cette vague de fond a créé au sein des communautés une mobilisation extraordinaire de quête de sens. Il fallait tout ré-apprendre, découvrir et réinventer le sens vrai des fondements et des visées de la vie religieuse et de l’engagement apostolique.

Au lieu de forcer la rencontre de Dieu et de l’homme par la pratique sacramentaire, il fallait la faciliter dans le concret de la vie. Au lieu de savoir et d’expliquer des vérités éternelles, il fallait apprendre à voir et à découvrir un Dieu présent en terre non sacralisée. Au lieu d’apprendre le protocole d’une intronisation future au Royaume des cieux, il fallait entraîner à l’acuité du regard de foi et à la patience des cheminements sur des sentiers tout nouveaux.

L’institution, au lieu d’être la garante des orthodoxies se devait d’être la source et l’inspiration des porteurs individuels du message.

Les frères se sont donnés avec entrain à cette tâche de ré-éducation personnelle et de re-centration de leur action apostolique. Le dynamisme religieux rayonnait de partout. Les frères ont voyagé pendant ce temps comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant. Ils ont exploré tous les domaines de la connaissance dans toutes les universités du monde. Ils ont partagé leur savoir-faire avec beaucoup de nations de la terre.

On prenait des engagements inédits. Plusieurs frères étaient honorés pour leurs implications dans des activités ou des œuvres civiles. On en était fiers.

Jamais, on a autant parlé de Dieu, de la Bible, de Jésus, de la résurrection, de foi et de spiritualité chrétienne que pendant cette période. Des stages de ressourcement étaient organisés un peu partout sur ces sujets et les frères les fréquentaient assidûment.

On a aussi élargi et transformé complètement les engagements apostoliques des frères dans leur milieu. Au lieu de se limiter à des œuvres scolaires communautaires, plusieurs frères ont été des levains ou des leviers qui ont contribué en solidarité avec d’autres acteurs sociaux à humaniser le milieu, à corriger les injustices, à valoriser les plus pauvres et les plus démunis. On applaudissait aux exploits accomplis en dehors du monastère qui se libérait de plus en plus de son cloître.

Ces belles visées et ces heureuses initiatives étaient difficiles à couler en formules pratiques qui remplaceraient les anciennes Règles et Constitutions. Ce fut la tâche principale des chapitres provinciaux et généraux. On s’y donna si ardemment que ces instances accouchèrent après de longues délibérations, de modifications à la Règle de vie beaucoup plus importantes qu’on ne l’avait d’abord prévu. Je m’y employai peu personnellement, mais cependant, cette atmosphère de renouvellement était généralisée et mobilisatrice.

Malgré quelques dissensions qui se manifestaient davantage par des silences que par des oppositions, on se sentait de corvée, tous employés à la tâche de grand ménage, de rénovation de notre famille pour la rendre belle, meilleure porteuse du message évangélique et plus conforme à l’esprit nouveau qui de Rome soufflait sur toutes les terres chrétiennes.

La dégénérescence des institutions

En même temps que s’animait cette ruée vers le sens, l’or de la nouvelle spiritualité, la désagrégation des institutions de prestige qui faisaient la fierté de tous les frères répandait une atmosphère délétère qui forçait le repli dans des zones plus sûres où régnaient la conformité et la résignation.

Les recrues se faisaient de plus en plus rares, le personnel religieux diminuait drastiquement dans les écoles et l’on dut fermer des établissements réputés et séculaires.

On tentait de trouver refuge dans des formules passe-partout dont on n’était pas dupes de leur efficacité. « Les desseins insondables de la Providence » n’arrivaient pas à contrer un certain défaitisme qui ralentissait imperceptiblement beaucoup d’élans.

Bref, de pair avec un élan de renouvellement exceptionnel, les congrégations religieuses ont connu pendant ces années, de 1960 à 1975, une dégénérescence marquée de leurs institutions qui s’est exprimée d’abord par une diminution flagrante de leurs effectifs. Chaque fois qu’on annonçait le départ d’un frère, c’est toute la communauté qui, en silence, en absorbait le choc.

Les congrégations religieuses, en fortes instances de régénération, cheminaient déjà sur la pente de l’extinction.

Il n’est pas juste d’attribuer cette trop rapide extinction des communautés religieuses à un certain relâchement comme cela s’était produit à d’autres époques de la vie de l’Église et au sein même de ses institutions religieuses.

On ne peut parler non plus, comme facteur de dégradation, de l’invasion de l’esprit mondain au sein des communautés. Les frères fréquentaient davantage le monde mais ils étaient plus religieux et plus fervents que jamais. Plus que jamais ils ont été dans leur milieu, pendant cette période, des porte-parole sensibles et efficaces de la Bonne Nouvelle.

L’ampleur du renouvellement amorcé par l’Église et par les communautés religieuses qui sont allées jusqu’au sabordement d’institutions séculaires est plus révélateur de la vitalité de ces communautés que de leur anémie.

Cette passion du renouvellement jointe à une intense quête de sens dans un contexte de désagrégation des institutions communautaires a créé un remous qui a incité plusieurs religieux à se poser la question du sens de leur engagement et de la portée de leur action en pareille situation. Ce remous a dégénéré en une espèce d’épidémie de sécularisation qui a affecté toutes les congrégations religieuses au Québec et aussi un peu partout à travers le monde.

Il ne faut pas non plus expliquer cette dégénérescence par un repli de ces communautés sur leurs acquis et leurs traditions. Ce que j’ai vécu infirme complètement cette lecture des événements et je suis certain qu’un historien sérieux qui se pencherait sur l’évolution des communautés religieuses au Québec pendant cette période, ne soutiendrait pas cette thèse. Les religieux de cette époque étaient fervents et plutôt avant-gardistes que rétrogrades.

Pour moi, cette période de ma vie religieuse, si différente qu’elle fût de la première, ne fut ni terne, ni pénible, ni amorphe. Elle fut au contraire dynamique et ardente, féconde en réalisations de toute espèce, débordante de défis. Je l’ai vécue intensément et j’en garde un excellent souvenir.

Pour qualifier cette période, on pourrait dire que la douceur de vivre en communauté selon l’ancien régime s’est transformée en ardeur de vivre. Deux moments d’une même intensité de vie à modulation variable.

L’héritage de mes 28 ans de vie religieuse

Une comptabilité des profits et pertes de mes vingt et une années d’enseignement et de mes sept ans de formation à plein temps dans la communauté se solderait par un gros avantage des plus sur les moins. Même au strict plan monétaire, j’ai sûrement reçu plus de ma communauté que je ne lui ai donné.

Cependant c’est surtout sur d’autres bases que mon bilan marque des gains appréciables.

D’abord le métier

Si j’étais resté chez moi, il est fort probable que je n’aurais pas poursuivi mes études au-delà de ma 8e année. Au mieux, j’aurais appris un métier. Dans la vingtaine, j’aurais fondé une famille et, au mieux toujours, j’aurais vécu ces vingt-huit ans sur un fond de lutte de survie acharnée et de féroce compétition à tous les plans. Peut-être, aurais-je connu de temps à autre quelques îlots de bonheur et de profonde satisfaction.

Grâce à la générosité de la communauté à mon endroit, je la quitte avec un métier, une profession que j’ai appris à apprivoiser et à aimer, qui fera mon bonheur et mon gagne-pain jusqu’à la fin de mes jours. Enseignant, le plus beau métier du monde ! Je le dois entièrement à ma communauté et je ne saurais lui être assez reconnaissant pour cet inestimable cadeau.

La pénétration du regard, un phare dans la nuit

Mais il y a encore davantage. Une vie humaine peut n’être qu’une série de petits gestes, une routine sans issue. Pour un humain, c’est le sens qui est le plus grand facteur de la qualité de vie.

Ces vingt-huit ans ont été vécus sur la corde raide d’une incessante quête de sens, l’entraînement quotidien et sans répit au sport olympique de la lutte de Jacob avec l’Ange. (2) Je ne sais ce que ma foi serait devenue en dehors de la vie religieuse. Au mieux, la suite des rencontres rituelles et coutumières que j’avais tout jeune avec Dieu sans jamais le voir face à face. Ma vie religieuse m’a donné la foi. Et plus que la foi, si cela est possible, une conscience de la foi qui élargit la vision, qui ouvre les horizons de l’impossible, qui gère le mal et les contradictions du monde, qui se répand comme une huile bienfaisante sur toutes les conquêtes de la vie sur la mort, qui forme, sans qu’on le voit toujours, le tissu de notre quotidienne existence terrestre.

Une famille pour toujours

Y a-t-il davantage? Oui, une communauté de frères, une famille. Tout être humain peut émailler son existence d’amitiés solides et durables. C’est sous le regard d’un ami qu’on se fait qu’on se voit vivre et grandir. Un ami, c’est une denrée rare et précieuse.

Une famille de frères avec qui on a vécu, avec qui on a cheminé, partagé une foi, des projets, des biens, des déboires etc. donne à l’amitié des ailes qui rassemblent en fraternité les amis dispersés. Le chant « Animés de l’amour » qui nous ralliait l’exprime admirablement bien.
Animés de l’amour Dont on s’aime entre frères,!
Qu’il est beau, qu’il est doux,
D’habiter un seul lieu.
Qu’il est bon, qu’il est doux,
Au sein de nos misères,
De n’avoir qu’un seul cœur
Pour bénir un seul Dieu.
Cette famille, elle est toujours mienne. Ces frères, ces centaines de frères répandus à travers le monde, que j’ai connus, aimés, sont de mon sang, de ma race, de ma vie, frères pour toujours, comme des frères de sang. Ce cadeau je l’emporte avec moi. Cette famille ne fut pas ma famille pendant vingt-huit ans, elle est ma famille pour toujours.
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(1) L’expression « moulange à grains », que l’on retrouve chez quelques auteurs québécois, était courante à St-Zéphirin dans les années quarante. On allait régulièrement au moulin à grains situé sur le bord de la rivière Nicolet à Chatillon pour y faire moudre le grain (avoine) qu’on destinait aux vaches en hiver. On appelait « moulange » les grosses meules qui broyaient le grain. Revoyant nos horaires de vie communautaire si fractionnés il m’a semblé qu’une « moulange » semblable s’était attaquée à nos temps de vie religieuse, d’où l’expression « moulange à temps ».

(2) Cf. Gn 32,23-33 « Lâche-moi car l’aurore est levée, » mais Jacob répondit « Je ne te lâcherai pas que tu ne m’aies béni. » Il lui demanda : « Quel est ton nom ? » « Jacob » …

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Les frères du Sacré-Cœur aujourd’hui et demain

Quel est le sort ou le destin réservé aux différentes congrégations religieuses autrefois si florissantes au Québec ? Si l’on regarde les moyennes d’âge et la courbe de leur évolution, le verdict est clair ces congrégations sont sur la voie descendante qui mène à l’extinction d’ici une vingtaine d’années.

La plupart de leurs institutions ont été vendues ou cédées à l’État ou à des associations sans but lucratif de laïcs qui prennent la « relève institutionnelle ».

Aucun frère du Sacré-Cœur n’occupe aujourd’hui un poste dans une institution d’enseignement. La moyenne d’âge des 240 frères québécois qui vivent présentement en communauté voisine les 75 ans. Le plus jeune frère dans la Province du Canada est âgé de 39 ans et il n’y a aucune relève en vue, c’est-à-dire pas de postulants ou de novices. (1)

Comment les frères qui sont restés en communauté vivent-ils cette dernière étape de leur vie personnelle et communautaire ? Deux constats ressortent des contacts que j’ai gardés ou renoués avec certains de mes anciens confrères.

Sérénité et recyclage

Sérénité devant la dégradation des institutions. « Elles ont fait leur temps, elles ont servi. C’est le passé.» Maintenant « comme de vieux râteaux rouillés » chantés par Félix Leclerc ou les « pianos mécaniques « de Claude Léveillé, elles ne servent plus. Il ne sert à rien de vouloir les ressusciter artificiellement. Il est temps de tourner la page pour danser sur une autre musique.

Aucun des frères rencontrés n’a manifesté une certaine nostalgie de ces temps révolus. On ne porte pas d’accusations ni de blâmes aux responsables imaginés de cette dissolution. On ne vit pas non plus que de l’attente passive de la fin.

Recyclage des institutions

Une politique de recyclage des maisons de formation et des maisons provinciales libérées par les fusions fut pratiquée intensivement à compter de 1988 en faveur de ce qu’on a appelé « le relève institutionnelle ». La propriété et la gestion de plusieurs colonies de vacances fondées par les frères furent transférées à des organismes qui en assuraient la continuité ou l’adaptation aux besoins nouveaux.

Quelques frères œuvrent dans au moins quatre nouvelles institutions qui répondent à des problématiques sociales particulières :

Le Village des Sources à Rimouski : fait vivre à de jeunes élèves, dans la nature une démarche centrée sur la rencontre de soi, la rencontre de l’autre, la dimension spirituelle et la créativité.
L’Arrimage à Rimouski : centre de désintoxication
Les Éboulement : colonie de vacances
Vallée Jeunesse à Québec : œuvre de collaboration, parrainée d’abord par les Frères maristes – frères et laïcs; intervention auprès de jeunes qui éprouvent des difficultés psychosociales.
Emmaüs à Victoriaville : un lieu d’accueil et de passage spécialement pour les jeunes adultes de 18-35 ans; offre un accompagnement au service de la vie
À Montréal et à Québec : maison d’accueil pour les étudiants – niveau universitaire.

Ces œuvres, pour la plupart, ont pour caractéristiques communes d’être dirigées et animées conjointement par des frères, des laïcs et des religieux appartenant à d’autres congrégations religieuses.

Recyclage spirituel des frères (2)

Depuis quelques années, les frères qui jadis recevaient leur mandat des supérieurs (obédiences) sont invités à se trouver une mission apostolique qui corresponde à leurs goûts et à leur compétence.

Plusieurs d’entre eux, des vigoureux ayant dépassé l’âge de la retraite, ont recyclé leur apostolat en s’engageant comme bénévoles au service de personnes retraitées ou à mobilité réduite, ou bien auprès de jeunes en difficultés. Certains animeront les offices religieux dans des centres d’hébergement pour personnes âgées, d’autres apporteront leur aide au dépannage aux jeunes éprouvant des difficultés scolaires ou sociales.

Un frère du Sacré-Cœur, dans la soixantaine, frère Jean-Guy Roy, mon ancien élève et ma fierté, est directeur de Radio Ville-Marie.

Un autre, Frère Raymond Barbe, qui a dépassé ses quatre-vingts ans, a animé pendant 15 ans le mouvement Cursillos; il vient tout juste de prendre sa retraite.



Frère Claude Chénier, un ancien missionnaire en Haïti, milite au sein d’un rassemblement des Haïtiens de Montréal.


Frère Claude Paradis, vit seul au cœur d’un quartier défavorisé de Montréal. Il veut assurer une présence chaleureuse et attentive auprès des pauvres et des plus démunis.

Le frère Arthur Montplaisir à 88 ans quitte tous les matins sa résidence (Meilleur) pour se rendre à l’UQUAM où dans un petit bureau il reçoit des étudiants étrangers (surtout asiatiques) qu’il guide dans leur apprentissage de la langue française et à qui il facilite l'insertion dans la vie montréalaise. (3)

On me signale aussi le frère Gaston Leblanc, un ancien provincial, qui « accompagne » le cheminement psychologique et spirituel de personnes en difficulté, surtout des jeunes de 20 à 40 ans.

Et, j’en suis certain, cette liste de frères qui ont recyclé leur engagement apostolique traditionnel  pourrait être allongée de beaucoup d’autres exemples,
Plusieurs frères aussi se dévouent à une aide d’assistance quotidienne auprès de leurs frères malades ou dont les capacités sont réduites.

Comme le souligne le frère Marcel Rivière, ces frères, engagés dans une mission apostolique institutionnelle, ont pris le virage d’un engagement personnel à caractère prophétique qui témoigne de la présence vivifiante au cœur de la communauté humaine de ferments de libération et de promotion de la qualité de vie.

La vie spirituelle de ces frères rescapés de la tourmente ne s’enlise pas non plus dans la routine de pratiques religieuses désuètes. Un bulletin hebdomadaire, Le Lien, témoigne de la vivacité de l’esprit de famille qui règne toujours dans ces communautés et du renouvellement de leurs engagements religieux. Un service d’animation et de réflexion spirituelle parfaitement mis à jour est offert aux différentes communautés de la province.

Bref, si l’institution s’éteint, les religieux qui l’habitaient sont toujours bien en vie et témoins de la Lumière qui depuis Bethléem éclaire les habitants de la terre et nourrit leurs espérances.

Quels regards ces frères projettent-ils sur leur vie religieuse actuelle et à venir ? Les quelques références ci-jointes donnent accès aux réflexions que d’anciens compagnons, toujours religieux, ont formulé sur le tournant qu’a dû prendre la congrégation au cours des derniers trente ans à la suite de la révolution culturelle que nous traversons. C’est un tonique pour la foi et l’espérance en l’humanité de toujours animée par une énergie qui a déjà vaincu la mort. . Cf. Références ci-bas.

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(1) Entre 1872 et 2009, les FSC ont occupé 395 édifices (écoles, maisons provinciales, maisons de formation, et résidences). En 1965, on comptait 1520 frères résidents au Canada. En 2009, on ne compte plus que 240 frères rattachés à la Province du Canada, répartis en 27 communautés.

(2) Cf. Les Frères du Sacré-Cœur - Leur apostolat au Canada – 1900-2004 – 2e édition revue et corrigée – 2009 Annexe 4 p. 255 …

(3) Cf. GRAVEL Claude, La vie dans les communautés religieuses, Libre Expression, 2010, p. 209.

Références :
Raymond Barbe – Regards sur l’AVENTURE FSC – Hier – Aujourd’hui - Demain
Marcel Rivière - Comment j’entrevois la vie religieuse dans l’avenir
Jean-Claude Éthier S. C. Une communauté à la croisée des chemins
Jean Guy Roy S, C. En mission jusqu’au bout !
Zénon Clément - Un prêtre dans le vent de notre temps!
Claude Paradis - Vox clamantis in deserto.

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Remerciements


Je m'en voudrais de terminer le volume II de mes mémoires "Un frère dans le vent des changements" sans exprimer ma très vive gratitude:

- d’abord à « ma » communauté, les Frères du Sacré-Cœur du Canada, qui en est la source principale,

- à tous les frères que j’ai nommés et ceux, non oubliés, qui m’ont accompagné à chacune des étapes de ce parcours;

- à Jean-Claude, mon compagnon et mon frère, « bœuf ruminant » qui, du début jusqu’à la fin de mon itinéraire et de sa narration m’a encouragé, inspiré, corrigé et qui a étayé mes dires de précieuses références;

- aux confrères de Jesus Magister de la première foulée, Louis Régis+, Innocentio+, Louis-Omer+, Marcel, Raymond, Maximin, Jean-Pierre qui ont été de formidables agents de formation et de transformation;

- à l’équipe de l’Office catéchétique de St-Jérôme, Jacques, Pauline+, Hélène, Marc et Jean-Paul qui m’ont accompagné sur la ligne de front du renouvellement;

- à Léo, Pierre, Gilles, Rémi , Réal – Bernard, Yolande, Diane, Ginette Danielle et combien d’autres qui ont fait de l’Arche des Jeunes le succès que nous connaissons;

- aux douze ex, Raymond +, Bernard A., Marcel, Jean+, Jean-Guy, Bernard D., Claude, Clément, Eddy,  Jacques, Raymond B, Robert , Ghislain+ qui ont été l’inspiration et l’occasion de ce projet d’écriture sans oublier toutes celles qui les accompagnent : Claire, Louise, Louise D., Monique, Hélène, Roselle, Pierrette, Madeleine, Jeannine,  Lucie,…dont les oreilles bourdonnent encore de la narration des exploits et des facéties, réminiscences répétées "ad nauseam" de ces temps de vie commune.

Une gratitude tout à fait spéciale à l’équipe d’édition des mémoires;

- à Lionel, cet œil de lynx qui chaque semaine passait des heures, à l’affût des écorchures à la langue française, qui les réparait avec un art consommé y accrochant toutes les virgules nécessaires à la bonne
intelligence des textes et au bon équilibre des phrases;

- à Clément, gérant de l’édition finale qui chaque semaine aussi avait la patience de satisfaire aux caprices des ondes, de donner aux textes les habillages convenants pour leur voyage sur la toile du Web et leur parution devant les fenêtres du Word;

- à Maurice, ce dépisteur incontournable de tous les « québécismes » qui truffent souvent sans conscience les tournures les plus sophistiquées;

- à Bernard, ce censeur avisé qui savait ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas écrire et qui a eu le doigté requis pour prévenir les susceptibilités facilement offensées;

- à l’équipe du soutien technique, Jacques, Jean et Eddy, toujours disponibles pour parer aux pannes des machines et de l’esprit qui les gère.

ET UNE RECONNAISSANCE SANS BORNES

- à Ghislaine pour sa patience à tolérer mes absences de corps et d’esprit, pour son soutien sans faille, pour ses critiques sollicitées toujours à point; pour la libération des tâches ménagères quotidiennes et de tous ces petits riens qui rognent l’horaire d’une journée; pour son souci quotidien à nourrir mes vices et à fermer les yeux sur mes bévues. S’il y a parfois une femme en arrière d’un grand homme, on peut dire qu’il y a eu ici une grande femme en arrière d’un petit écrivailleur d’occasion.

- et à tous les LECTEURS connus ou anonymes. Se savoir ou se penser lu, c'est le carburant indispensable à tout raconteur, surtout s'il est novice dans cet art.

MERCI À TOUTES ET À TOUS, POUR TOUT!








2 commentaires:

  1. Salut Flo,

    Je viens de recevoir copie du dernier chapitre du VOLUME II dans lequel tu as accepté d'apporter les dernières retouches que je t'avais suggéré de faire.

    Je me réjouis que ta banque d'images ait atteint le fond du baril alors que tu t'évertuais à peaufiner ce chapitre en y ajoutant des images et des photos de dernière minute.

    Tu as su exploiter un nouveau fût de chêne du Liban pour aller y dégoter de formidables photos qui ont l'heur de merveilleusement véhiculer jusqu'à nous les sentiments que tu as éprouvés en regard avec le vécu que tu as expérimenté et que tu nous relates dans ce dernier chapitre du VOLUME II.

    Des traces sur le sable... de magnifiques et sinueuses dunes... la majesté du Sahara... des pas laissant deviner la lourdeur du corps secoué par le poids des divers labyrinthes qu'il a dû emprunter avant de trouver la sortie libératrice de ses angoisses existentielles en suivant un fil d'Ariane qui se faisait de plus en plus ténu de jour en jour...

    Une image vaut mille mots disions nous il y a soixante ans. Aujourd'hui, je trouve que tes images valent dix mille mots. Chapeau !

    Si tu n'as pas encore réussi à apprivoiser tout à fait la science de l'emploi pertinent et judicieux de la virgule, tu viens de nous prouver que tu sais très bien maîtriser celui de l'évocation.

    Au plaisir de continuer à travailler avec toi en septembre,

    Lionel

    P-S. J'ai parlé avec Fernand Vanier hier. Il me prie de te transmettre une avalanche de félicitations pour tes écrits qu'il trouve à la fois savoureux et très évocateurs de la réalité québécoise du milieu du XXe siècle. Une perle, m'a-t-il dit... Te ne parlero più a lungo quando ci vediamo... Lio.

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  2. Que c'est gentil de ta part d'avoir de si beaux éloges et si bien enrobés.
    J'ai découvert qu'en plus de nombreux autres talents et d'une habileté à lire des messages écrits dans les langues les plus importantes du monde tu peux aussi retourner à l'âge des cavernes et lire les pensées et les sentiments qui s'expriment dans les images.

    Oui, mes phrases et mes pas sont lourds surtout après ce volume II. N'est pas écrivain qui veut. Cependant les aspects positifs de cette écriture sont aussi illustrés par cette image d'ouverture du no 43. La lumière qui jaillit entre les jambes de l'Inukshuk arrivé au sommet d'une étape de sa vie. Et cette lumière chaleureuse au suprême degré vient d'un entourage empressé à m'encourager et d'une assistance quotidienne qui ont rendu la route moins ardue et plus agréable. Tu as une grande part de cette généreuse luminosité. Si j'entreprends le vol.III ce sera surtout dans la perspective que cet accompagnement me restera fidèle malgré que je doive le rémunérer bien en deçà du salaire minimum.
    Bonnes vacances à toi et polis tes virgules, elles peuvent encore servir.

    Florian
    17 juillet 2011 22:25

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